Intervention de Laurence Cohen

Réunion du 2 avril 2021 à 9h30
Respect des principes de la république — Article 16

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Pour ce qui concerne les certificats de virginité, je crois que nous sommes toutes et tous d’accord, ce qui n’est pas si fréquent en matière de défense des droits des femmes.

Ces certificats symbolisent à eux seuls la domination masculine sur le corps des femmes, la sacralisation d’une prétendue pureté à réserver à l’homme promis. Cette injonction faite à certaines jeunes filles est une véritable violence que nous ne pouvons que dénoncer. C’est bien de violence qu’on parle : une violence psychologique, une pression insupportable, qui alimente la peur chez de nombreuses jeunes filles, y compris de représailles.

Les témoignages de professionnels, dont celui de Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, sont très éclairants. Elle explique très bien que délivrer ces certificats, sans bien évidemment pratiquer de tests, peut sauver la vie de jeunes femmes. En outre, les médecins peuvent s’appuyer sur l’Ordre des médecins, qui interdit déjà cette pratique, pour entamer un dialogue.

Prévoir dans la loi l’interdiction de ces certificats, avec pénalisation des praticiennes et des praticiens, risque d’avoir plusieurs effets pervers. Cela pourra mettre à mal un lien qui se crée entre la jeune fille et le professionnel, permettant d’évoquer d’autres problèmes plus larges : l’intimité, la prévention et la santé sexuelle. Cela reviendra à fermer la porte de ces cabinets et à ouvrir celle d’individus non médecins qui réaliseront ces certificats.

En effet, ne soyons pas naïfs ! Il y aura des contournements de cette interdiction, même si j’ai bien noté que l’article 16 ter vise à pénaliser la réalisation d’examens. Je crains le développement de filières clandestines sur lesquelles nous aurons du mal à avoir une visibilité ou une maîtrise.

Sur des sujets aussi sensibles, il nous faut écouter les professionnels. Personne ne réclame l’inscription dans la loi d’une pratique déjà interdite par ailleurs. Surtout, tout le monde dénonce la pénalisation des médecins.

1 commentaire :

Le 17/05/2022 à 22:12, aristide a dit :

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"Ces certificats symbolisent à eux seuls la domination masculine sur le corps des femmes, la sacralisation d’une prétendue pureté à réserver à l’homme promis."

N'importe quoi, la virginité de la fille est un gage de confiance en la fille, et s'il n'y a pas de confiance dans le couple, il ne peut pas y avoir d'amour.

Maintenant la parole de la fille doit suffir, la confiance passe aussi par la parole de l'autre, mais si la fille veut prouver sa virginité avant le mariage à l'homme qu'elle aime, pourquoi l'en empêcher ? C'est son droit le plus strict. Seulement il ne doit pas être exercé sous la contrainte. Et au nom de cette peur de la contrainte, vous allez non seulement empêcher la femme de disposer de son corps, mais en plus vous allez déprécier gratuitement la virginité, alors qu'elle fait l'honneur de la femme et du genre humain.

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