Cette proposition est très intéressante : elle pointe un sujet qui est un petit peu long à infuser dans le système éducatif français, parce que, il faut bien le reconnaître, il est délicat et difficile. À cet égard, le rapport de Régis Debray a marqué une étape importante de la réflexion. Un certain nombre d’éléments se sont quand même concrétisés depuis, mais les avancées sont encore timides.
Il ne faut pas non plus tomber dans le cliché, que vous avez justement évité, monsieur le sénateur, consistant à penser qu’il ne se passerait rien en la matière dans le système éducatif. Ne serait-ce qu’en histoire les élèves sont amenés à étudier, dans l’ordre chronologique, les religions juive, chrétienne et musulmane. Il est vrai, et vous l’avez dit, que l’approche doit être pluridisciplinaire sur la question des religions. Cela étant, l’approche de l’histoire présente souvent ce caractère, mais je ne vais pas entrer dans ce débat épistémologique.
Le fait est que nous avons besoin d’avancer sur cette question. Or le sens de votre amendement, c’est justement de renforcer ce que nous avons souhaité mettre en place, en insistant sur la dimension pluridisciplinaire.
Je comprends bien ce qu’a voulu dire la présidente du Conseil supérieur des programmes. Chaque fois que l’on parle de pluridisciplinarité, il faut avoir conscience que cela va non pas à l’encontre, mais dans le sens des disciplines. C’est pourquoi j’ai fait cette remarque sur l’histoire. Ce n’est pas simplement un débat de spécialistes ou un débat théorique : c’est une question vraiment importante.
Pour ma part, je considère que la pensée d’Edgar Morin sur ce sujet est très juste, mais qu’elle ne doit pas être mal interprétée : elle consiste à insister sur la complexité de ce qu’il y a à étudier et sur la nécessité de le faire sous plusieurs angles, donc de manière pluridisciplinaire. Il ne s’agit certainement pas d’aborder chaque sujet sans bénéficier de ce que nous donne chaque discipline ni de le diluer dans une sorte de « grand tout ».
J’ai bien conscience que je commence à perdre une partie de mon auditoire