Monsieur le ministre, vous avez étendu le périmètre en évoquant le projet éducatif territorial et même au-delà, ce qui me donne l’occasion d’intervenir dans le débat.
Que penser, en effet, de ce concept de laïcité, de ses valeurs et des principes forts qu’il porte, si nous ne sommes pas en mesure de les appliquer dans l’ensemble de la sphère publique ? J’ai notamment à l’esprit le premier rendez-vous proposé à notre jeunesse : la Journée défense et citoyenneté, laquelle, dans mon département, est organisée depuis plusieurs années au sein de la maison diocésaine d’Arras.
J’ai déjà eu l’occasion à maintes reprises de dire à quel point cela me choquait. Un ministre de ce gouvernement s’y est même rendu il y a quelque temps, je m’étais fait excuser. On m’a rétorqué, à cette occasion, que je me trompais sur la définition de la laïcité. Je ne pense pas que cela soit le cas.
Cette invitation à la jeunesse a un caractère obligatoire, les jeunes concernés devant y sacrifier pour passer le bac ou le permis de conduire. Or un certain nombre de jeunes ne se reconnaissent ni de cette religion ni d’une autre. Je peux ainsi vous citer le cas de mon fils, qui s’est présenté pour donner aux gendarmes sa convocation, mais a indiqué qu’il ne resterait pas si la réunion se tenait dans ce lieu.
Je souhaite profiter de ce débat pour rappeler que la laïcité n’est pas à géométrie variable. J’ai même posé la question en tant que président du département, le 2 juin 2015, en préfecture du Pas-de-Calais, en présence du correspondant défense. J’ai demandé simplement que l’on m’indique le montant payé au diocèse pour jouir de ces salles et le coût du repas délivré aux enfants. Président d’un département qui compte 121 collèges avec restauration, j’avais une idée des prix qui pouvaient être pratiqués pour délivrer les repas, et nous étions disposés à ouvrir nos établissements pour accueillir les jeunes.
Depuis ce temps-là, chaque année et à chaque session, les jeunes sont accueillis à la maison diocésaine. Je n’ose imaginer, monsieur le ministre, qu’il s’agisse là d’un financement déguisé de la part de l’État !