La recherche se diffuse traditionnellement par des journaux scientifiques qui ne sont pas lus par grand monde dans les entreprises ou les mairies. Nous avons fusionné avec une université et quatre grandes écoles afin de diffuser plus facilement les résultats de nos recherches, alors qu'il sera très important de développer la formation continue dans les prochaines années. La recherche et la formation, c'est très peu d'ingénierie directe, mais beaucoup de démonstrateurs et beaucoup de travaux sur des documents de référence. En général, nous travaillons avec le Cerema, qui est notre intermédiaire pour les travaux engagés avec les collectivités locales. Nous ne sommes pas armés pour apporter un appui territorial direct mais cela ne signifie pas que nous ne nous préoccupons pas des collectivités locales. Nous avons, d'ailleurs, dans une université, un vice-président chargé de l'appui aux politiques publiques.
Monsieur le Président, vous avez opportunément indiqué que dans les années 1990, ça allait plus vite. Effectivement, nous avons collectivement cassé un modèle. Je ne le regrette pas plus qu'autre chose, mais ce modèle n'a pas été remplacé. Les liens qui fonctionnaient naturellement ne fonctionnent plus. L'État faisait à peu près tout. Il y avait des personnes qui s'occupaient de la recherche et des choses très amont, il y avait les CT, les DDE, les subdivisions, l'exploitation... Tout ceci a été cassé pour des raisons de responsabilité juridique et institutionnelle. La profession globale a été extrêmement sectorisée et les échanges ont été soit arrêtés, soit ressentis comme malsains. Les mouvements de personnel qui se déroulaient de manière assez classique entre le secteur public et le privé sont ensuite devenus suspects et considérées comme quelque chose qui est sujet à corruption.
Tout le système qui n'était pas théorisé, mais qui fonctionnait, a été cassé sans être remplacé. Je continue à fonder de gros espoirs dans l'Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (IDRIM), qui est très handicapé par des méfiances et des positions sectorisées. Je fais observer que les Américains du Nord, qui détestent pourtant les coordinations trop centralisées, ont fondé une association des ingénieurs en génie civil.
Sur le fond, je pense que le développement du Cerema est une solution simple du point de vue opérationnel. Les personnes passionnées sont suffisamment nombreuses mais elles manquent de moyens pour vous aider et vous pouvez leur donner un coup de main. Nous continuerons à travailler avec le Cerema ; néanmoins, nous ne sommes pas très loin de son implosion et nous risquons de perdre un outil extrêmement important. L'aménagement ne peut pas être fabriqué et maintenu comme nous l'imaginions. Il faut absolument une aide coordonnée. Nous devons vraiment sortir de cette situation de réduction et d'implosion.