Intervention de Patrice Vergriete

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 31 mars 2021 à 9h30
Table ronde sur le thème : « ingénierie territoriale : quelles réponses aux besoins des collectivités territoriales ? » — Audition de Mme Marie-Claude Jarrot présidente et M. Pascal Berteaud directeur général du centre d'études et d'expertise sur les risques l'environnement la mobilité et l'aménagement cerema M. Patrice Vergriete président délégué de la fédération nationale des agences d'urbanisme fnau Mme Hélène Jacquot-guimbal vice-présidente de l'université gustave eiffel uge M. Joël Baud-grasset président de la fédération nationale des conseils d'architecture d'urbanisme et de l'environnement fncaue Mme Emmanuelle Lointier présidente et M. Thomas Breinig vice-président de l'association des ingénieurs territoriaux de france aitf

Patrice Vergriete, président délégué de la Fédération nationale des agences d'urbanisme (FNAU) :

Je suis maire de Dunkerque et président de la communauté urbaine de Dunkerque.

La question de l'ingénierie est fondamentale pour les élus locaux. Vous abordez un sujet majeur et je souligne qu'on ne reviendra pas vers le passé : les sujets monteront en complexité dans les années qui viennent et cela nécessitera un accroissement des compétences des collectivités locales. Il serait illusoire de chercher dans le passé une solution à nos problèmes d'aujourd'hui et de demain.

Permettez-moi de reprendre une métaphore en matière d'ingénierie : les élus locaux n'ont pas besoin de poissons mais plutôt qu'on leur apprenne à pêcher et, surtout, qu'on leur donne les moyens de pêcher. L'ingénierie dont ont besoin les élus locaux doit répondre à plusieurs critères. Elle doit d'abord être pérenne. Il ne s'agit pas, pour un élu local, de recevoir un coup de main ponctuel sur un problème. L'ingénierie doit venir de l'amont du projet, de sa conception. Nous avons besoin d'ingénierie locale, qui accompagne et établisse des liens de confiance avec l'ensemble des acteurs locaux. Nous avons besoin de structures publiques d'intérêt général locales.

Le modèle qu'il faut renforcer, développer et consolider doit évidemment s`articuler avec la décentralisation. Nous voulons une ingénierie dans la décentralisation, une ingénierie qui soit partenariale au milieu de l'ensemble des acteurs locaux. Les subdivisions de la DDE ne sont plus une solution d'avenir. Les solutions d'avenir doivent reposer sur l'idée d'une ingénierie locale, pérenne, fondée sur l'intérêt général.

Cette ingénierie existe sur nos territoires, avec une multitude de structures locales, parfois mal connues et insuffisamment valorisées, y compris par l'État. Les CAUE sont une ingénierie qui correspond aux critères que j'ai indiqués et au maillage du territoire. Les agences d'urbanisme sont également une composante de ce réseau d'ingénierie locale existant.

Les agences d'urbanisme forment un réseau largement développé qui accompagne les élus dans la conception de leurs projets, dans l'élaboration de leur stratégie et dans la constitution d'observatoires. La force des agences d'urbanisme est de rassembler tous les acteurs du territoire. Tous ceux qui concourent à la fabrication de la ville se retrouvent au sein des agences d'urbanisme. Ces dernières ne se contentent pas d'accompagner les élus locaux ; elles génèrent du liant stratégique. Lorsqu'il a fallu élaborer le schéma de cohérence territoriale de mon territoire, c'est l'agence d'urbanisme qui a réussi à « vendre » les attentes de l'État à un certain nombre d'élus, les attentes des collectivités urbaines et les attentes des collectivités rurales. Les agences d'urbanisme génèrent une véritable plus-value pour lier l'ensemble des acteurs et leur faire partager en amont une stratégie de développement du territoire. Ce sont des outils absolument indispensables, qui existent déjà sur les territoires. L'État en est partie prenante. Ces outils ne demandent qu'à se développer.

S'il fallait vraiment structurer financièrement l'ingénierie locale, je préfèrerais que l'État mette en place un fonds dont les allocations ne pourraient être dépensées par les collectivités locales que pour de l'ingénierie. L'État devrait également promouvoir les ingénieries existantes pour les faire connaître des élus. Cela ferait émerger une ingénierie locale, pérenne et d'intérêt général. C'est vraiment ce qu'attendent les élus aujourd'hui, et surtout pas un retour en arrière vers des formes directes ou indirectes de subdivisions déconcentrées. Nous voulons des ingénieries locales.

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