Qu'attendons-nous de cette mission ? Que vous preniez meilleure conscience de ce qu'est l'enseignement agricole public, qui ne se résume pas aux lycées. Nous essayons d'en montrer les spécificités et de mettre en avant ses réussites et les voies d'amélioration. Voudrions-nous travailler dans le privé ? Non ! Ceux qui viennent dans l'enseignement agricole public, professeurs comme élèves, le font par passion. La formation est un petit monde et l'enseignement agricole offre une forme de relation pédagogique et de lien avec les élèves qui n'existe pas ailleurs. On ne s'y retrouve pas par hasard !
Nos établissements forment moins de 20 % de futurs agriculteurs. Le renouvellement des chefs d'exploitation est important, mais il est difficile de s'installer dans certaines filières quand on n'est pas fils d'agriculteurs : les investissements sont lourds - un tracteur coûte 600 000 euros ! - et l'accès au foncier est parfois difficile : à 10 000 euros l'hectare, une surface de 200 hectares coûte 2 millions d'euros. Nous travaillons avec des Cuma (coopératives d'utilisation de matériel agricole) et nous essayons de faire la promotion d'autres modèles, par exemple en permettant à un porteur de projet de le tester avant de le mettre en oeuvre. On voit émerger des projets de maraîchage exigeant moins de mécanisation, moins de surface, et donc plus accessibles. Le salariat se développe beaucoup. Enfin, les métiers para-agricoles sont nombreux mais méconnus, alors qu'ils offrent des perspectives.
La santé et la sécurité au travail sont une thématique importante qui est intégrée à nos programmes de formation. Nous y sensibilisons nos élèves avec le soutien de la Mutualité sociale agricole. L'enseignement agricole dispose d'une culture de la sécurité et de la prévention car l'activité agricole peut être dangereuse et entraîner des accidents. Quant à la comptabilité et à la gestion, leur maîtrise est nécessaire pour obtenir un bac professionnel agricole ou un BPREA, car elle est indispensable lors de l'installation. L'auto-évaluation se développe, avec le changement de culture qui se fait à travers l'apprentissage, même si la démarche peut encore être mieux formalisée. Les processus d'amélioration continue se multiplient. Au niveau pédagogique, nos élèves, qui sont très attachés à leur établissement, sont nos meilleurs ambassadeurs. Nous avons tous regretté de ne pas pouvoir organiser de journées portes ouvertes !