Monsieur le ministre, ma question porte sur les conséquences de l’arrêt des exportations de laine française à la suite de la crise sanitaire, ainsi que sur les perspectives de renaissance de la filière de production et de valorisation de la laine sur notre territoire.
La France possède un cheptel de près de 5 millions de brebis, qui produisent un peu plus de 6 000 tonnes de laine par an. Depuis des décennies, la filière de production de la laine tricolore a chuté. On élève surtout les ovins pour la viande ou le lait.
La vente des tontes suffit à peine à en payer l’acte actuellement. C’est pourtant malheureusement un passage obligatoire pour le confort de l’animal et pour lutter contre la myiase.
Notre production de laine s’exporte à hauteur de 80 %, principalement vers l’Asie. Or, depuis la crise de la covid-19, la Chine a coupé court à ses importations et les stocks s’accumulent de manière alarmante dans les hangars de nos éleveurs.
Cette chute des ventes est catastrophique, certes, sur le plan commercial, mais, le plus grave, ce sont les volumes que les coopératives ne collectent plus, et pour cause. On ne peut écarter des conséquences sur le plan sanitaire, sachant que la laine est imputrescible et qu’elle brûle très mal.
Que faire de ces stocks invendus qui s’accumulent dans les bergeries, tels des encombrants dont la qualité périclite dans un laps de temps assez court ? S’ils demeurent en l’état, il faudra trouver une solution pour s’en débarrasser. Sans accompagnement, et en l’absence de règles et de contrôles, les éleveurs seront contraints de faire le travail de destruction eux-mêmes, avec toutes les conséquences économiques et sanitaires que cela suppose.
Cette situation prête à réflexion, monsieur le ministre : ne pensez-vous pas qu’il serait opportun de profiter de cette crise pour redonner un élan à la filière de la laine française, qui pourrait retrouver ses lettres de noblesse dans une logique vertueuse de développement durable et économique ?