Monsieur le sénateur Lahellec, le constat, nous le partageons – je n’y reviens pas. Sur la méthode, il faut faire très attention. La loi Égalim a permis la marche en avant : elle a donné à l’industriel l’obligation de discuter d’abord avec l’agriculteur avant d’aller négocier avec le distributeur. Dans le même temps, elle n’a pas permis de sortir du jeu de dupes que j’évoquais ; elle a concouru à la guerre des prix.
Cela dit, je pense que, pour avancer significativement, il faut passer à la contractualisation, et à une contractualisation pluriannuelle et transparente. Dès lors que les premières parties prenantes, agriculteur et industriel, sont convenues d’un prix, comment faire en sorte que l’industriel ne puisse pas, après, refaire le match ? C’est là tout l’enjeu des travaux de très grande qualité menés par Serge Papin, dont je voudrais saluer la très forte implication.
Vous allez un cran plus loin, ce qui ne m’étonne guère : ne faudrait-il pas, demandez-vous, aller jusqu’à l’administration des prix ?
Sur ce point, nous divergeons. On a parfois tenté, dans le passé, l’administration de certains prix agricoles. Ça s’est toujours mal fini… Si la loi fixe les prix, cela veut dire aussi que seule la loi peut modifier lesdits prix. Je pense, pour ma part, que la loi doit fixer non pas le prix, mais la façon dont est calculé le prix et déterminer qui peut ou non faire évoluer les prix.
Telle est l’approche que nous avons tenté d’adopter avec Serge Papin ; elle me paraît la bonne approche, la plus bénéfique, en définitive, à nos agriculteurs.
Ce sujet est évidemment très complexe ; cela fait des mois que nous y travaillons afin de pouvoir présenter les avancées que nous avons en vue et d’aller au bout de la démarche Égalim. C’est cela l’important !