La réponse est, à l’évidence, oui, monsieur le sénateur Tissot ! Nous commençons à nous connaître, et je ne crois pas que vous puissiez me reprocher de ne pas écouter avec beaucoup d’attention les propositions des uns et des autres. S’il y a désaccord, j’engage toujours le débat pour en comprendre les causes, et je veille dans tous les cas à privilégier un esprit de coconstruction.
Encore une fois, si j’ai commandé ce rapport à Serge Papin, c’est pour éviter de reproduire l’expérience qui a été la mienne quand je suis arrivé au ministère. Je suis alors entré directement dans le rapport de force de la négociation.
Agnès Pannier-Runacher et moi-même avons pesé autant que nous pouvions dans cette négociation, par le truchement de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ; les autres acteurs concernés pourront le confirmer. Si nous ne l’avions pas fait, le résultat aurait été dramatique, alors même qu’il n’est pas encore satisfaisant.
Cependant, fort de cette expérience, j’ai la responsabilité politique de ne pas laisser perdurer un système où l’engagement du Gouvernement dans le rapport de force des négociations serait le seul espoir pour les agriculteurs d’obtenir une meilleure rémunération. Il faut opérer un certain nombre de changements et, pour cela, nous devons identifier avec beaucoup de lucidité les aspects de la loi Égalim qui ont fonctionné.
En effet, cette loi a fonctionné à certains égards. Veillons donc à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Elle a notamment permis de faire évoluer l’état d’esprit des acteurs du secteur, sans toutefois aller assez loin.
Monsieur le sénateur, je connais votre attachement au monde agricole. Objectivement, si des solutions de facilité existaient de manière évidente, si ce combat ne nécessitait pas de remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier, je pense – n’y voyez pas de polémique politicienne – que la précédente majorité l’aurait mené à bien. Nous avons enclenché un mouvement, grâce à la loi Égalim. Nous constatons, avec beaucoup de lucidité, que le compte n’y est pas et qu’il faut aller plus loin. C’est la démarche dans laquelle je m’inscris, et que je conduirai avec détermination et dans la concertation.