Intervention de Michel Duée

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 14 avril 2021 à 10h00
Table ronde sur le thème : « mobilité sociale et aménagement du territoire : comment restaurer la promesse républicaine de l'égalité des chances ? »

Michel Duée, directeur du département de l'action régionale à la direction générale de l'Insee :

Je souhaite évoquer des thématiques servant à illustrer le débat, à l'instar des diplômes et de la mobilité résidentielle qui ont été présentés comme étant des facteurs d'inégalités. J'aborderai également la géographie de la pauvreté. Concernant les niveaux de diplômes, comme cela vient d'être évoqué, les individus sont globalement peu ou pas diplômés sur le pourtour méditerranéen, en Corse et dans le Nord-Pas-de-Calais. À l'inverse, les diplômés du supérieur se situent majoritairement dans l'ouest de l'Île-de-France, dans les grandes capitales régionales et les centres universitaires comme Toulouse, Rennes, Strasbourg et Nantes. L'Insee signale en outre des disparités de taux de réussite au baccalauréat ; bien que celui-ci avoisine les 90 % à l'échelle nationale, les taux de réussite sont plus faibles dans le nord de la France ou l'est de l'Île-de-France. et en revanche, nettement plus élevés au sud du Massif central et en Bretagne.

Au sujet des mobilités résidentielles, on pourrait croire que si le territoire affecte le destin des individus, il suffit de déménager pour bénéficier d'un environnement plus favorable. Cependant, les mobilités résidentielles sont en réalité peu fréquentes entre les différents départements : chaque année, les Français déménagent en moyenne plus à l'intérieur d'une même commune ou d'un même département qu'entre deux départements distincts. L'unique tranche d'âge pour laquelle la mobilité entre les départements est élevée est celle des 15 à 25 ans. Cette mobilité, qui concerne 7 % des individus constituant cette tranche d'âge, correspond généralement au départ pour des études supérieures ou trouver un premier emploi.

Généralement, les jeunes de 15 à 25 ans quittent leur région d'origine pour rejoindre les centres universitaires. Pour les autres tranches d'âge, la mobilité est significativement différente puisqu'elle s'articule essentiellement entre le Nord-Est et la façade atlantique. Pour la tranche d'âge des 55 à 70 ans, plus particulièrement concernée par les départs en retraite, la mobilité s'effectue également vers la façade atlantique mais aussi vers le sud du Massif central avec un départ significatif d'Île-de-France. Du temps de la plateforme Admission Post Bac (APB), l'Insee avait recueilli des données permettant de mesurer la mobilité des jeunes à l'entrée des études supérieures ainsi que la corrélation entre le lieu d'obtention du baccalauréat et le lieu de réalisation des études supérieures. Il en résulte que l'orientation des bacheliers diffère clairement en fonction de leurs origines sociales. Les jeunes issus de milieux favorisés vont majoritairement vers les écoles d'ingénieurs et les classes préparatoires aux grandes écoles, tandis que les bacheliers issus de milieux modestes s'orientent plutôt vers les formations de techniciens supérieurs.

Par conséquent, l'origine sociale détermine fortement l'orientation académique puis professionnelle. L'Insee a en outre constaté que l'offre de formation locale avait également un léger impact sur l'orientation des bacheliers même si ce facteur n'est pas déterminant. Par ailleurs, il a également été relevé, en étudiant la mobilité résidentielle des bacheliers, que les plus favorisés sont ceux de la tranche d'âge 15 à 25 ans qui déménagent le plus entre les différentes académies. Les bacheliers issus d'un milieu modeste apparaissent moins mobiles et donc plus dépendants de l'offre de formation à proximité de leur lieu de résidence.

Si la pauvreté est majoritairement présente dans le nord de la France et sur le pourtour méditerranéen, des disparités existent également à l'intérieur des départements. Selon les données disponibles à l'échelle des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), la pauvreté est avant tout un phénomène urbain. Parallèlement, nous constatons que les ménages les plus pauvres sont majoritairement constitués de mères célibataires ou de veuves percevant une pension modeste.

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