Monsieur le sénateur Jean-Luc Fichet, il y a un point sur lequel nous nous rejoignons complètement, c’est la nécessité de vacciner, le plus vite possible, le plus de monde possible à l’échelle de la planète, pour des raisons de solidarité et humanitaires que l’on comprend évidemment, mais aussi pour des raisons d’efficacité.
En effet, la crise nous a appris que, même si l’Europe devait être complètement vaccinée, tant que le virus continuera à évoluer et à produire des variants ailleurs dans le monde, nous réimporterons systématiquement ces derniers. Nous avons donc besoin que tout le monde soit vacciné.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la France a pris la tête d’un certain nombre de pays développés, qui sont de grands acheteurs de vaccins, pour fournir, notamment aux pays du Sud, des doses de vaccin.
Je pense aux centaines de milliers de doses qui ont été données unilatéralement par la France dans le cadre de l’initiative Covax. Je pense aussi à l’engagement du Président de la République d’offrir 5 % des doses françaises à destination des pays du Sud, ce qui, je le crois, est assez unique parmi les pays développés.
Par ailleurs, est-ce qu’une levée temporaire des brevets serait de nature à répondre au défi que vous évoquez ? Je n’en suis pas sûr. Il est même possible que ce soit une fausse bonne idée, pour les raisons suivantes.
Tout d’abord, parce que ce n’est pas un problème de brevet. Même si tous les brevets étaient en accès libre, il n’y aurait pas de production supplémentaire pour les pays du Sud avant la fin de 2022, compte tenu de la complexité industrielle que cela représente. Il faut en effet dix-huit mois pour « valider » une usine.
Ensuite, il est nécessaire que les industriels continuent à investir dans la recherche pour développer des réponses aux nouveaux variants. Si nous leur retirons la propriété intellectuelle, ils risquent d’être désincités à investir dans ce domaine.