Intervention de Jean-Michel Blanquer

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 11 mai 2021 à 17h35
Modalités de mise en oeuvre du déconfinement — Audition de M. Jean-Michel Blanquer ministre de l'éducation nationale de la jeunesse et des sports et de Mme Roxana Maracineanu ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale de la jeunesse et des sports chargée des sports

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Nous sommes heureux de pouvoir nous présenter à nouveau devant la représentation nationale pour faire un point sur le déconfinement, rappeler la philosophie générale du Gouvernement en la matière et présenter ses modalités pratiques.

Notre principe fondamental est de garder les écoles, collèges et lycées ouverts, pour avoir une année scolaire aussi normale que possible. C'est une particularité française que d'y être parvenu ; il y a sans doute eu des inconvénients ou imperfections, j'en suis conscient, mais la situation des élèves français est meilleure que dans presque tous les autres pays.

Cela nous a amenés à concevoir, pour avril, un confinement minimisant le nombre de jours d'école manqués, grâce à des vacances de printemps communes à toutes les zones, à une semaine d'école à distance - celle qui a précédé les vacances - et à un enseignement à distance dans le secondaire, pendant la semaine du 26 avril 2021.

Nous avons toutefois accueilli des enfants du personnel prioritaire, notamment du personnel soignant, que ce soit pendant la semaine d'enseignement à distance que pendant les deux semaines de vacances. Pendant le premier confinement, nous avions accueilli 30 000 enfants par jour ; cette fois, nous en avons accueilli 175 000 par jour pendant la semaine du 5 avril puis 100 000 par semaine pendant les vacances, avec les collectivités territoriales. Il me semble important de rappeler cet effort conjoint des collectivités territoriales et de l'État.

Nous avons fondé le déconfinement sur la stratégie « tester, alerter, protéger ». Celle-ci connait une troisième étape en ce début d'année 2021. Pour cela, nous nous étions appuyés sur les tests antigéniques au premier trimestre, qui ont conduit à fermer des classes - jamais plus de 0,2 % à 0,3 % du pays - pour rompre les chaînes de contamination -l'ouverture des écoles permet d'ailleurs de tester davantage les enfants et de rompre plus facilement ces chaînes -, puis sur les tests salivaires au deuxième trimestre, qui nous ont permis de mener des tests dans les écoles primaires et d'atteindre plus de 250 000 tests hebdomadaires avant la fermeture d'avril. Maintenant, nous disposons des autotests, qui s'ajoutent aux formules précédentes et ne les remplacent pas. C'est grâce à cela que les élèves de primaire sont revenus en classe le 26 avril, avec le même protocole sanitaire qu'auparavant - fermeture de la classe dès la première contamination -, qui est très strict donc très prudent.

Ainsi, pendant la semaine du 26 avril, les premiers autotests pour adultes sont arrivés dans les établissements, nous permettant de remplir notre engagement de deux autotests par adulte par semaine. Nous étions le 26 avril dernier dans une école primaire de Meaux avec le Président de la République pour constater le déploiement de ces tests et leur appropriation par la communauté éducative. Nous avons également déployé l'enseignement à distance dans le secondaire. Il y avait eu des ratés lors de la première semaine de confinement, avant les vacances, le mardi, en raison de l'encombrement des « tuyaux » - notamment pour les ENT régionaux et départementaux - et de cyberattaques contre le Centre national d'enseignement à distance (CNED). Les problèmes ont été en partie résolus le mercredi, même s'il restait certaines failles. En revanche, pendant la semaine du 26 avril, l'enseignement à distance a été une réussite, avec un grand dynamisme des contenus, grâce à la formation préalable riche des professeurs en la matière via notre opérateur Canopé les mois ayant précédé cette nouvelle fermeture des établissements d'enseignement. Ce dynamisme ne doit pas être occulté par les problèmes rencontrés lors de la première semaine d'enseignement à distance.

En outre, Roselyne Bachelot y insiste beaucoup, à juste titre, la semaine du 26 avril a également donné lieu à la reprise de l'enseignement musical dans les conservatoires, pour les élèves en classe aménagée.

Cette semaine de reprise s'est donc bien déroulée, avec le retour de l'ensemble des enfants du primaire et l'enseignement à distance dans le secondaire.

Le retour des collégiens et des lycéens a eu lieu le 3 mai, selon des modalités que nous avions précisées entre-temps avec le Premier ministre, avec, notamment, l'accueil des classes de quatrième et de troisième en demi-jauge dans quinze départements, comme cela se fait dans l'ensemble des lycées. Nous souhaitons revenir à pleine jauge dès que possible.

Dans le secondaire, notre stratégie est la même - « tester, alerter, protéger » - et repose également sur les trois catégories de tests, notamment les autotests. Ainsi, 2 millions d'autotests à destination des adultes ont été livrés la semaine du 3 mai. Nous nous sommes rendus avec le Premier ministre dans un lycée professionnel de Nancy pour savoir comment cela se passait.

Il y avait des défis : celui de la nouveauté et celui de la logistique, avec 50 millions d'autotests à diffuser, entre fin avril et début juillet, dans les 60 000 implantations de l'Éducation nationale. Il faut en outre faire en sorte que les adultes s'en servent chez eux et que les enfants commencent à se tester, d'abord en établissement puis à la maison, comme au Royaume-Uni - à la différence du modèle dit « à l'autrichienne ». Les établissements ont insisté pour dire que cela représentait une contrainte supplémentaire ; j'en suis conscient, mais c'est nécessaire pour lutter contre le virus.

Nous nous sommes fixé un objectif de montée en puissance des autotests et des tests salivaires pour l'école primaire et le collège : nous visons 400 000 tests salivaires hebdomadaires en début de période pour atteindre 600 000 d'ici à la fin mai.

J'en viens à la stratégie de vaccination des professeurs. Des centres dédiés ont été ouverts au mois d'avril, qui ont rencontré un succès relatif, avec 20 000 personnes vaccinées ; ce n'est pas rien, mais cela aurait pu être plus. Simplement, comme les autotests, ce n'est pas obligatoire. Pour les autotests d'ailleurs, le taux de volontaires est de 65 %. En outre, l'image du vaccin AstraZeneca a nui au succès de la vaccination. C'est d'ailleurs pour cette raison que je me suis fait injecter ce vaccin, qui, certes, présente des risques, mais moins que, par exemple, le fait de prendre l'avion.

Enfin, pour ce qui concerne les examens, mes décisions ont été motivées par la défense de l'intérêt des élèves. Nous avons entendu des inquiétudes s'exprimer, notamment à propos du baccalauréat général ou professionnel mais aussi du CAP, et l'intérêt de l'élève passe, selon nous, par la sauvegarde d'une base de contrôle terminal. D'ailleurs, fait curieux, j'ai entendu beaucoup d'oppositions au contrôle continu il y a deux ans et, maintenant, les positions se sont renversées, tout le monde le défend... Un contrôle terminal demeure important, notamment pour se préparer au supérieur et maintenir la valeur du diplôme. Néanmoins, nous avons pris des mesures bienveillantes, avec la possibilité, pour la philosophie, de choisir la meilleure note entre le contrôle terminal et le contrôle continu et des adaptations pour le grand oral avec des annotations indiquant les parties de programmes non étudiées. En tout état de cause, j'ai beaucoup écouté les syndicats et le conseil national de la vie lycéenne afin de déterminer les mesures à prendre. Nous espérons maintenant une année 2021-2022 plus normale.

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