Intervention de Jean-Michel Blanquer

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 11 mai 2021 à 17h35
Modalités de mise en oeuvre du déconfinement — Audition de M. Jean-Michel Blanquer ministre de l'éducation nationale de la jeunesse et des sports et de Mme Roxana Maracineanu ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale de la jeunesse et des sports chargée des sports

Jean-Michel Blanquer, ministre :

La prévention des risques liés aux réseaux sociaux, qui se sont développés pendant le premier confinement, est un sujet difficile. Il s'agit d'un phénomène de société mondial, qu'il est difficile d'appréhender. Nous avons, depuis trois ans, une politique volontariste de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement et nous en percevons les premiers résultats, car le harcèlement scolaire diminue, mais nous rencontrons des limites dans la lutte contre le cyberharcèlement. Nous allons peut-être devoir passer au stade supérieur ; nous avons en tête les enjeux de formation et de partenariats avec les associations, comme e-enfance ou la maison de Marion.

En ce qui concerne l'usage d'internet en général, l'éducation aux médias est un point important. L'opérateur Canopé a développé des formations à distance pour les professeurs en la matière. Les usages numériques présentent des aspects positifs - on observe un développement qualitatif considérable de l'enseignement à distance et Lumni est un véritable succès public -, mais il y a aussi des dérives. L'interdiction du téléphone portable au collège porte ses fruits, mais ce n'est pas l'unique réponse.

Pour les cours intensifs, nous ferons, à la rentrée prochaine, de l'accompagnement personnalisé au travers des heures supplémentaires ; le mot d'ordre est la personnalisation des parcours et la détection des difficultés, d'où l'intérêt des évaluations de début d'année. L'année dernière, nous avons créé des postes supplémentaires dans le premier degré et augmenté le nombre d'heures supplémentaires pour renforcer le dispositif devoirs faits et l'accompagnement personnalisé.

Les autotests sont-ils vraiment utiles ? Avant leur mise on place, on me reprochait de ne pas les développer ; maintenant, on critique les inconvénients qu'ils présentent... Je pense que c'est utile, même si cela ne remplace pas les autres catégories de tests. Nous contribuons à la stratégie « tester, alerter, protéger », donc à la rupture des chaînes de contamination, dans laquelle la France a été bonne. L'enjeu est de rompre les contaminations, mais aussi de donner de bonnes habitudes. Il y a une dimension pédagogique. C'est une nouvelle culture de résilience pendant les crises sanitaires à adopter.

En ce qui concerne les examens, notre raisonnement, qui a conduit au choix entre contrôle terminal et contrôle continu, a reposé sur la spécificité de la philosophie, dont l'enseignement ne dure qu'une année, alors que le baccalauréat de français consacre un parcours commencé en école primaire. C'est pourquoi, pour la philosophie, matière pour laquelle certains lycéens ont pu avoir une année très hachurée, la note prise en compte sera la meilleure entre celle du contrôle continu et celle de fin d'année. Pour le français, nous avons multiplié par deux le nombre de sujets, qui passe de trois à six, afin qu'aucun élève ne soit confronté uniquement à des thématiques qu'il n'aurait pas vues. Si l'on avait instauré le contrôle continu partout, on n'aurait pas manqué de nous faire des reproches...

Concernant le Grenelle de l'éducation, vous formulez un appel au sens de l'intérêt général, dont je vous remercie. Ce Grenelle arrive à maturité en mai. Malgré la crise de la covid, les réformes se poursuivent et, par exemple, l'objectif d'amélioration de la rémunération des professeurs et de la gestion des ressources humaines demeure. De premières augmentations auront lieu dès ce mois de mai pour les plus jeunes enseignants.

Je vous remercie d'avoir souligné l'importance de l'ouverture des écoles et d'avoir indiqué que cela devrait être un sujet d'unité. On peut regretter certaines polémiques excessives. On peut avoir des débats démocratiques, nous le faisons ici, mais le succès international que constitue l'ouverture de nos écoles devrait faire l'objet d'une fierté collective. La France va éviter le trou d'air éducatif qui va affecter les autres pays, sujet qu'il faudra d'ailleurs traiter à l'échelon européen. Nous aurons traversé ce « cap Horn », avec des difficultés, certes, mais l'essentiel sera préservé.

Monsieur Lozach, le fait d'avoir un ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports unique nous a permis d'être plus efficaces ; cette synergie porte des fruits. Bien des sujets sont le produit de notre travail fusionnel : les trente minutes d'activité sportives journalières, la création d'une nouvelle spécialité pour le baccalauréat par exemple. Le dispositif 2S2C a été élaboré en urgence, pour que les élèves aient des activités éducatives même quand ils n'étaient pas accueillis à l'école. Bien que peu d'élèves en aient bénéficié - moins de 10 % -, cela a été très fructueux pour eux. C'est ce que démontre un rapport flash de l'Assemblée nationale. Ce dispositif n'avait pas vocation à perdurer, mais nous sommes prêts à élaborer quelque chose de similaire. En outre, cela nous a permis d'être prêts pour le dispositif Vacances apprenantes : nous allons en établir le cadre général très prochainement.

Petite anecdote : j'étais hier, avec le Président de la République, dans le jardin du Luxembourg pour la commémoration de l'abolition de l'esclavage quand deux collégiens de Clichy-sous-Bois sont venus me voir pour me demander s'il y aurait des vacances apprenantes cette année, car ils avaient trouvé cela très intéressant. C'est un objectif social fondamental. Nous avions accueilli un million d'élèves l'année dernière et nous souhaitons faire mieux cette année, en partenariat avec les services de l'éducation nationale, des sports et les collectivités territoriales.

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