Environ 20 000 enseignants ont été vaccinés dans des centres dédiés, en plus de ceux qui l'ont été par d'autres moyens - ce n'est pas rien.
Je suis l'avocat de la vaccination prioritaire des professeurs. Je souligne toutefois que c'est une catégorie moins contaminée que la moyenne de la population, ce qui montre que le milieu scolaire n'est pas un lieu de contamination spécifique. Notre objectif reste la vaccination de tous les professeurs de plus de 50 ans - au moins une première injection en mai-juin. Un conseil de défense se tiendra demain, au cours duquel ces questions évolueront peut-être.
Nous avons dégagé des moyens importants pour assurer les remplacements de professeurs, en recrutant 2 200 remplaçants du premier degré en particulier. En ce troisième trimestre scolaire, nous avons donné instruction aux recteurs de recruter. La régularisation de ces recrutements pourrait être assurée dans le PLFR. Nous rencontrons des difficultés relevant davantage des ressources humaines que des moyens budgétaires. Nous avons en effet atteint les limites de notre potentiel de remplacement, qui sont entre 8 et 10 %. Néanmoins, notre taux de remplacement reste toujours supérieur à 90 %.
Le Grenelle n'est pas du tout remis en cause. Il ne va pas forcément déboucher sur une loi de programmation. Nous poursuivons notre perspective d'amélioration des rémunérations en 2021 et 2022, ce qui trace une trajectoire d'augmentation pour les années suivantes. Le Grenelle a conclu sur une vision du rattrapage de salaire des professeurs et sur une transformation des ressources humaines du ministère, dont je rappelle que, avec 1,1 million de salariés, il est la troisième plus grosse organisation mondiale. Notre objectif est de montrer une gestion moderne et personnalisée des ressources humaines, qui tienne compte des aspirations de chacun, dans une fluidité et une écoute accrues.
M. Brisson s'est inquiété d'un éventuel recul de l'obligation scolaire. Ma réponse sera à la fois responsable et optimiste. L'obligation scolaire a progressé dans les esprits. Au-delà du cadre renforcé de la scolarité dès l'âge de trois ans, elle a accru son poids psychologique. À l'occasion de la crise sanitaire, la France a renoué son alliance avec son école, en prenant conscience de son importance décisive. Avant, on entendait un discours sur le remplacement du professeur par la machine. Les utopies sur la fin de l'école ont été totalement balayées par ce que nous venons de vivre. Tous ont pris conscience de l'importance d'un professeur physiquement présent qui n'est pas soumis à la machine, mais en est le maître. L'affectio societatis au sein de l'école s'est accru. En septembre, tout le monde y est revenu ! On a constaté moins de décrochage scolaire en septembre 2020 qu'en septembre 2019. C'est un plébiscite de chaque jour.
La relation parents-école, à beaucoup d'égards, s'est aussi renforcée, car les parents ont été obligés de renouer le lien avec l'école. Nous devons utiliser cette alliance renouvelée pour l'approfondir. Comme dans le sport, ce qui fonctionne, c'est l'esprit d'équipe, entre parents et professeurs.
En mai 2020, des craintes considérables sur le décrochage scolaire se sont exprimées. J'évoquais un taux de 4 à 8 %. Le retour à l'école en mai-juin 2020 a été décisif pour la rentrée de septembre. L'éloignement de mars à septembre, comme dans d'autres pays, aurait été bien trop long. Le décrochage diminue en France et nous sommes passés de l'un des plus mauvais pays d'Europe à la fin des années 2000 à l'un des meilleurs.
On peut en revanche parfois déplorer un décrochage mental d'élèves physiquement présents à l'école. D'où l'importance du sport, de la culture, de la santé et de la compétence psychologique que nous voulons renforcer dans l'Éducation nationale.
Mme Brulin a estimé que la préparation de la rentrée des vacances de printemps n'avait pas été aussi bonne que possible et que moins d'enseignants avaient été testés après les vacances. Or, les autotests sont infiniment plus nombreux que les tests proposés avant les vacances.
Il est fort possible que le projet de loi de finances rectificative de juillet concerne l'Éducation nationale, en matière de remplacement et peut-être de renforts pour la rentrée. Budgétairement, nous avons été pragmatiques pour assurer l'ouverture de l'école.
Mme Brulin a dit que j'avais eu tendance à reporter les responsabilités des échecs de l'environnement numérique de travail (ENT) ou de l'achat de diffuseurs d'air sur les collectivités territoriales. Mon état d'esprit est de coopérer étroitement avec elles. Mais je suis respectueux des compétences de chacun et les ENT relèvent des collectivités. Au contraire de ce que déclare Mme Brulin, c'est moi qui ai été pointé du doigt lors des deux jours difficiles d'avril. Nous avons travaillé avec les collectivités territoriales pour renforcer les ENT, qui ne sont pas conçus pour assumer de telles charges. Je salue la bonne réactivité des différents acteurs, collectivités comme opérateurs.
Les capteurs de CO2 et les filtres à air sont des outils nécessaires, à utiliser avec discernement. Ouvrir la fenêtre est plus pertinent, mais ce n'est pas toujours possible. Le ministère de la santé a produit des documents de référence sur ce sujet, que nous transmettons. Les collectivités en difficulté financière sont déjà aidées via les préfets pour acquérir de tels appareils. Nous sommes dans une posture d'étude, de conseil et d'appui aux collectivités, mais ces outils, malheureusement, ne sont pas l'alpha et l'oméga de la lutte contre le virus.
Les lycées professionnels se sentiraient marginalisés quant à l'adaptation des examens. Je comprends cette remarque, mais elle est surtout liée au traitement médiatique du baccalauréat professionnel et à la complexité de ses épreuves. Car dans la réalité, les lycées professionnels sont au coeur de mes attentions. Nous avons adapté les épreuves du bac et du CAP avec la volonté de les tenir dans la bienveillance. Elles auront lieu les 7 et 8 juin pour le CAP et du 16 au 18 juin pour le bac pro. Nous ne retiendrons que les deux meilleures notes. L'épreuve orale de présentation du chef d'oeuvre de CAP est maintenue, car elle incarne la spécificité, la fierté de cette filière. Le jury prendra en compte la réalisation partielle du programme. N'oublions pas que beaucoup de bacheliers professionnels sont évalués lors de contrôles en cours de formation, tout au long de l'année, et lorsqu'un ou plusieurs de ces contrôles ont été réalisés, les élèves sont dispensés de ceux qui suivent.
Monsieur Dossus, vous m'avez demandé quand nous reviendrions à la fermeture d'une classe à partir de trois cas, contre un actuellement. Je le souhaite, mais nous attendons de voir comment la crise évolue et je ne peux pas vous en dire davantage. Nous espérons revenir à des classes complètes de quatrième, de troisième et de lycée dans les quinze départements concernés avant les vacances d'été.
J'en viens aux AESH. Notre capacité de recrutement est renforcée dans la période actuelle. Notre organisation en pôles inclusifs d'accompagnement localisés (Pial) peut être positive à cet égard.
Madame Van Heghe, les autotests représentent bien sûr une contrainte supplémentaire, mais plusieurs lycées ont démontré que c'était faisable. Nous sommes en train de recruter 2 000 médiateurs pour soulager les équipes des établissements et bénéficions de volontaires hors Éducation nationale.
M. Laugier a fait référence à un sujet de grande importance au projet de loi « climat et résilience ». Notre volonté est de donner une nouvelle vitalité aux comités d'éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) en y ajoutant le sujet du développement durable. Il y a deux ans, nous avons créé les écodélégués. On en dénombre près de 250 000 dans les collèges et lycées. Cela favorise l'engagement collectif des collégiens et des lycéens dans les projets d'établissement.
Merci à Mme Darcos pour ses propos. Toutes les décisions sur les examens sont interdépendantes et il faut être dans une logique systémique. L'objectif est aussi que les élèves travaillent jusqu'à la fin de l'année scolaire sans se démotiver. Nous devons, enfin, tenir compte des circonstances sanitaires.
Monsieur Vial, merci pour vos propos. Je veux rendre hommage à tous les acteurs : professeurs, personnel de l'éducation nationale, des collectivités territoriales, parents d'élèves. Certains ne se seraient pas engagés : c'est le cas dans tous les corps de métier, y compris les plus salués. Nul n'est parfait. Nous n'avons pas prévu de sanctions spécifiques ; en revanche, le mérite sera distingué. La logique de mérite caractérisera de plus en plus notre gestion des ressources humaines ; ce qui s'est passé pendant la crise sanitaire ne sera donc pas oublié. Le dévouement a été le fait du plus grand nombre.
Le dossier des classes de découverte et de neige avancera au cours des prochaines semaines. Nous verrons comment restimuler ces classes. Les structures d'accueil ont vocation à ne pas mourir et seront mobilisées lors des Vacances apprenantes.
De nouvelles précisions sur les protocoles seront apportées lors des prochains conseils de défense.
Monsieur Piednoir, je souhaite un assouplissement des conditions de fermeture de classes, mais ce serait prématuré.
Le bac de français s'étend sur deux semaines pour des raisons pratiques. Un examinateur reçoit 14 candidats par jour au maximum et entre 60 et 70 maximum au total. En outre, les conditions sanitaires imposent des garanties spécifiques.