Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 18 mai 2021 à 14h30
Gestion de la sortie de crise sanitaire — Discussion générale

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

On pourrait s’attendre à ce que tout le monde se réjouisse, mais ce n’est pas du tout l’impression que l’on retire de la lecture de ce texte, voilà huit jours, à l’Assemblée nationale, et de certains discours ici même. Ce fut un concert de lamentations et de critiques ! Le pompon revient au dépôt de deux motions préalables, qui, si elles avaient été adoptées, nous auraient privés dès le 1er juin prochain de tout outil juridique pour continuer la lutte contre la pandémie.

Il faut donc, une fois de plus, s’opposer aux producteurs de fake news, dont nous venons d’avoir une démonstration à l’instant, et en premier lieu à l’intox sur le pass sanitaire, qui a si bien réussi que les Français se demandent si celui-ci ne va pas attenter aux libertés ou entraîner des discriminations entre vaccinés et non vaccinés.

Soyons clairs, il ne s’agit pas d’un pass vaccinal. Il s’agit d’un pass sanitaire, avec trois options : soit un certificat de vaccination, soit un test PCR négatif, soit un test sérologique positif. Il n’y a donc pas de discrimination, pas non plus de nouveau fichier, et le code QR sera en possession du seul utilisateur et de personne d’autre.

Non seulement le pass n’est pas une atteinte aux libertés, mais il est le moyen de retrouver le plus rapidement possible toutes les libertés réduites depuis des mois, notamment celle d’aller et venir en France et dans toute l’Europe. C’est la raison pour laquelle le conseil scientifique, le Conseil d’État et la Commission nationale de l’informatique et des libertés, la CNIL – excusez du peu ! – ont émis un avis favorable.

Monsieur le ministre, je n’ai qu’un conseil à vous donner : accélérez sa mise en place, travaillez avec tous nos partenaires européens, car l’urgence, comme les Français l’ont très bien compris, est de retrouver le plus vite possible nos habitudes, notre mode de vie et notre croissance, qui sont nos vraies libertés.

À ceux qui poussent des cris d’orfraie en disant qu’on les force à la vaccination, il faut rappeler qu’il y a en France onze vaccinations obligatoires ayant permis d’éradiquer des maladies souvent mortelles, que personne ne s’en plaint et que le vaccin anti-covid, lui, reste facultatif.

À ceux qui hurlent à la confiscation de leurs données de santé, il faut rappeler qu’il y a en France vingt-quatre maladies à déclaration obligatoire, que cela n’a jamais gêné personne et que personne ne propose un tel dispositif pour le covid.

À ceux qui rechignent au pass sanitaire aux frontières, il faut rappeler que nul ne peut aller en Afrique ou dans une grande partie de l’Amérique du Sud sans un certificat de vaccination contre la fièvre jaune et que, non seulement tout le monde trouve ça normal, mais ne pas le faire ferait courir des risques épidémiologiques majeurs.

Or, pour le covid, la moindre mesure est dénoncée par les offusqués professionnels, à grand renfort de réseaux antisociaux, comme un crime contre les libertés. Nous vivons dans un monde en train de perdre tout bon sens.

Les anti-pass sont ceux-là mêmes qui ont tout fait l’an dernier pour rendre les vaccins suspects et obliger le Gouvernement à ralentir le rythme initial, pour mieux lui reprocher, aujourd’hui, de ne pas aller assez vite.

Écoutez, mes chers collègues, le grand « pro » Dupont-Aignan… En décembre, il diffusait la peur sur le vaccin du laboratoire Pfizer, disant que les Français seraient, je cite, des « souris de laboratoire ». Aujourd’hui, son nouveau cri est : « Le #PasseportVaccinal se profile à l’horizon… […] Une infâme et sournoise contrainte à la vaccination ! Non au totalitarisme naissant ! Sauvons notre liberté ! »

Le 3 mars dernier, ce spécialiste du covid publiait une vidéo dénonçant « l’amateurisme dangereux pour les Français » du Gouvernement. Il avait revêtu pour l’occasion un masque FFP2. L’ennui, c’est qu’il le portait à l’envers !

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