Nous accueillons M. Marc Baréty, notre ambassadeur au Pakistan, en direct depuis Islamabad. Nous nous demandions jusqu'à vendredi dernier s'il serait en téléconférence ou parmi nous ; l'Assemblée nationale pakistanaise a finalement renvoyé sine die l'examen de la motion sur le renvoi de notre ambassadeur, ce qui fait qu'il est resté à son poste. Je précise que cette audition est à huis clos.
Monsieur l'Ambassadeur vous nous direz comment vous vivez cette situation qui dure depuis octobre 2020. Le parti islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP) vous a déclaré de fait persona non grata depuis six mois. Recevez d'abord tout notre soutien et notre confiance dans cette situation particulièrement pénible. Vous nous direz comment vous parvenez à assurer vos missions dans ce contexte. Le gouvernement pakistanais se distingue-t-il des revendications du TLP, qui appelle au boycott des produits français et à la rupture des relations diplomatiques ?
Le 15 avril dernier, vous avez pris la décision de recommander aux ressortissants français de quitter temporairement le Pakistan, une décision qu'on imagine particulièrement difficile à prendre : quelle ligne a donc été franchie pour que la situation ne vous semble plus tenable ? La moitié de nos quelque 500 ressortissants sont des doubles-nationaux : comment vivent-ils cette situation ? Quelles perspectives pour la France, ses ressortissants et ses intérêts économiques depuis l'interdiction du TLP et le report du vote de la motion de renvoi par le Parlement pakistanais ? Peut-on parler de détente dans nos relations avec le Pakistan ? Considérez-vous que l'exacerbation des tensions avec la France servirait des objectifs intérieurs au Pakistan ?
Vous nous direz, Monsieur l'Ambassadeur, si l'apaisement - relatif - des postures hostiles à la France repose également sur des manoeuvres internes, voire sur une réorientation de la politique étrangère pakistanaise et la prise en compte pragmatique de ses besoins économiques - je pense en particulier à la facilité communautaire accordée en 2014 au Pakistan pour ses exportations textiles.
Le soutien américain affiché à l'égard de l'Inde, comme le retrait américain de l'Afghanistan annoncé pour septembre prochain, ont-ils pesé dans l'évolution du Pakistan ? De même, le corridor économique déployé dans le cadre des nouvelles routes de la soie, le CPEC, marque-t-il vraiment le pas, renforçant l'isolement international du Pakistan ?
Le port en eaux profondes de Gwadar avance et ouvre une nouvelle voie maritime stratégique donnant à la Chine accès à la mer d'Arabie : le Pakistan est-il un impensé de la stratégie indopacifique française ?