Comme vous l'avez rappelé, j'ai occupé de nombreux postes dans l'éducation nationale.
Le harcèlement n'est pas un phénomène récent, mais on voit une accélération dans la dernière décennie et que l'on objective afin de commencer à traiter les choses. En 2010, lors des États généraux de la sécurité à l'école c'est Eric Debardieux qui a examiné les phénomènes de micro violence dans lesquelles il y incluait le harcèlement. À partir de ce moment-là, il y a eu une prise de conscience de l'institution et depuis quatre ans un engagement au plus haut niveau de l'État.
Dans l'Académie de Paris, il y a eu une première phase de 2016 à 2020 de sensibilisation, de formation, de prise en charge qui a permis de fixer une procédure de signalement des phénomènes de harcèlement, en coopération avec la police et les commissaires d'arrondissement. Nous avons déployé des enquêtes locales de victimation, nées à la suite des travaux d'Eric Debarbieux, avons travaillé sur la prévention du harcèlement et du cyberharcèlement, en ciblant les témoins avec une action d'ampleur auprès des élèves. Dans soixante collèges, des élèves ont été spécifiquement formés pour devenir des ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement.
Il a fallu former le monde adulte, notamment les chefs d'établissement, les enseignants, les conseillers principaux d'éducation, mais aussi les directeurs du premier degré, car le harcèlement scolaire touche également l'école. Nous avons formé les cadres du premier degré à hauteur de 80 personnels par an, organisé des séminaires académiques : 200 cadres ont été formés par ce biais.
Nous avons fait participer les écoles et les établissements à la journée « non au harcèlement » et au concours national. Nous avons recensé les actions. Une dynamique s'est enclenchée entre 2016 et 2020.
À mon arrivée, j'ai demandé un bilan. Ce que montrent les enquêtes de victimation et de climat scolaire, c'est que le taux de déclaration de 9 % de cyberharcèlement au collège dans l'académie. Cela correspond au taux relevé par le DEPP au niveau national. Ce taux est de 10 % pour le harcèlement présentiel. L'académie de Paris est tristement normale, elle connait les mêmes proportions que dans le reste de la France.
Les élèves ont témoigné de beaucoup d'intérêt à la formation d'ambassadeurs et de délégués. On s'est aperçu que les élèves avaient une bonne connaissance du phénomène, y compris sur la question des réseaux sociaux. Cela nous interroge sur les formes de prévention que nous devons mener.
Nous avons enclenché une seconde phase qui débute avec l'année 2021, pour approfondir la démarche et la systématiser, avec un plan de prévention des violences et du harcèlement. Pour gagner en efficacité et lisibilité, nous allons nous doter d'un référentiel commun de données et d'une prise en charge adaptée. Un plan de formation pour accompagner ces orientations a été lancé.
Quatre pôles d'intervention sont en cours de déploiement pour couvrir l'ensemble du champ du harcèlement.
Un pôle climat scolaire, avec une équipe pluri-catégorielle, en partenariat avec l'Université de Cergy qui forme à un diplôme universitaire visant à la prévention de la violence quotidienne. Il a plusieurs missions : mesurer le climat scolaire, restituer ces résultats, accompagner les équipes pour mettre en place un plan propre à chaque établissement et former afin d'avoir un relai dans chaque circonscription et bassin.
Un pôle prévention du harcèlement avec une équipe dédiée pour maintenir à bon niveau la sensibilisation autour du phénomène et permettre l'action dès les premiers signaux. Il est important de déceler les signaux faibles, de former élèves et enseignants. Nous avons commencé avec une dizaine d'établissements jugés prioritaires en raison de situations aigües.
Un pôle prise en charge du harcèlement avec une équipe.. Il couvre le premier et le second degré. Ce serait une erreur de négliger ce qui se passe à l'école primaire : prise en charge des victimes et des auteurs, faire le lien avec les familles, assurer le suivi jusqu'à la résolution de la situation.
Un pôle gestion de crise qui vise à la sécurisation en partenariat avec la protection judiciaire de la jeunesse, le Parquet et la préfecture de police. Cela permet d'actualiser les plans de mise en sécurité des établissements et de veiller à ce que les chefs d'établissement soient bien accompagnés au quotidien.
Nous avons une force dans l'académie, c'est la signature d'une convention entre protection judiciaire de la jeunesse, la Préfecture, le Parquet et le rectorat qui permet une chaine de réaction et de réactivité face aux phénomènes de violence et de micro violence dont fait partie le harcèlement.
Nous disposons des outils qui nous permettent de réagir au mieux.