Il y a bien un triangle : harceleur, harcelé, témoins. Il faut agir sur ces trois dimensions. Dans le cadre du programme « stop au harcèlement », nous lançons annuellement des campagnes qui partent de supports imaginés par des élèves, qui sont ensuite retravaillés par des professionnels en lien avec les élèves lauréats. La campagne 2019-2020 a été centrée sur le rôle du témoin, les petits héros du quotidien. On invite ces témoins à appeler les numéros 3018 et 3020 car ces numéros ne sont pas réservés aux victimes.
Au sein des établissements, il n'est pas rare que l'information soit découverte par un témoin, souvent un camarade, et remonte via les parents.
Ce témoin, qui est souvent un témoin jeune ou un enfant, doit trouver un écho dans le regard de l'adulte. D'où la formation. En ce qui concerne la formation initiale, a été généralisée dans tous les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (Inspé) depuis la rentrée 2020 une formation aux violences scolaires en générale et au harcèlement en particulier. En ce qui concerne la formation continue, nous avons voulu tester une formation de très haut niveau dans 6 académies. Dans tous les établissements, on note une amélioration sensible du climat scolaire et une baisse du phénomène. L'idée est que l'on ait dans chaque établissement entre trois et cinq personnes, une équipe, qui soit formée de manière spécialisée, au-delà de la sensibilisation quotidienne des collègues. Ainsi les personnels de santé - médecin et infirmier scolaire - sont souvent le premier dépositaire du témoignage des élèves.
Les conséquences du harcèlement scolaire sont connues mais difficiles à mesurer. Je n'ai pas de chiffre à donner, on y travaille avec la DEPP et le conseil des experts autour de la thématique du risque d'échec scolaire (difficulté à travailler, à se concentrer, risques de déscolarisation liée au développement des phobies scolaires). Nous travaillons sur ces aspects avec les victimes, soit en les changeant d'établissement, soit en passant par un sas via une poursuite des études à domicile par un CNED réglementé et en travaillant avec l'enfant pour l'aider à retrouver confiance en lui. Les conséquences peuvent aussi être d'ordre physique : perte de sommeil, irritabilité, voire violence.
S'agissant des relations avec les partenaires, nous avons mené un gros travail avec les partenaires associatifs à la fois au niveau national comme e-enfance/ net-écoute, éducateurs des parents ou l'association Marion, la main tendue qui est une de nos partenaires privilégiés, avec également une déclinaison au niveau régional.
Nous avons aussi comme partenaire les mutuelles scolaires : la MAE qui soutient le concours, la MGEN qui fait partie de ceux qui ont une capacité à communiquer vers les familles. Ce partenariat permet également d'aborder le problème sous un autre angle ; celui de la santé.
En ce qui concerne le suivi répressif, nous sommes en lien avec les forces de police et de gendarmerie ainsi qu'avec la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). On a signé cette année une convention sur le suivi des élèves « hautement perturbateurs », pour lesquels on retrouve souvent des phénomènes de harcèlement. Un protocole a été mis en place avec la PJJ pour leur permettre de reprendre pied et ne plus commettre de tels actes.