Merci à vous, Madame, Monsieur.
Je vais commencer par une parenthèse, vite refermée. Nous avons hier eu d'autres auditions qui m'ont, à titre personnel et au niveau de l'Éducation nationale, un peu glacée. C'est important de partager avec vous, car on a l'impression que les acteurs que vous êtes ont pris les choses en main un peu différemment de certaines institutions. Merci infiniment.
Je commence par une question, Madame : croyez-vous vraiment que, au niveau de l'Éducation nationale, se pose uniquement un problème de formation des enseignants ? Est-ce vraiment le sujet ? De manière provocatrice, faut-il être formé pour pouvoir prendre en compte le harcèlement lorsqu'on est enseignant ? J'étais enseignante, c'est pour cela que je vous pose cette question. J'ai enseigné pendant 25 ans dans le lycée où étudiait la petite Alisha, qui a malheureusement été retrouvée dans la Seine à Argenteuil. J'ai toujours des liens avec l'équipe éducative qui ne se remet pas de ce drame, d'autant que c'est une équipe très impliquée sur le suivi des enfants. Est-ce vraiment un problème de formation ? Je pense que c'est un peu plus compliqué que ça. L'Éducation nationale veut-elle vraiment bousculer les lignes pour y arriver ?
Vous avez rappelé les premiers travaux sous le ministre Luc Chatel. Nous avons entendu hier un ancien membre de son cabinet. Ce sont des travaux que je ne connaissais pas. On se dit que, dix ans après, il ne s'est pas passé grand-chose, ou du moins pas assez. Dix ans, ce n'est pas rien !
Vous avez parlé de pistes, Monsieur. J'ai une question ouverte sur le référent municipal. De quoi s'agit-il ? Quelle formation a-t-il pour prendre en charge cet énorme paquet ? Il faut faire très attention. Pour avoir été élue locale comme mes collègues ici, on ne peut pas confier tout à n'importe qui. Les dégâts peuvent aussi être importants. Je fais cette parenthèse : on ne peut pas confier à un employé municipal sans savoir comment, pourquoi il le fait, avec quelle formation, et quelle est la mission qu'on lui donne précisément.
Je voulais revenir sur votre questionnement. Nous sommes législateurs. Je me pose la question de la vraie nécessité d'un délit de harcèlement scolaire, car il existe déjà un délit de harcèlement. Il me semble - mais vous m'apporterez peut-être la contradiction - que si on voulait utiliser les outils que nous avons, nous pourrions faire des choses pour prendre en charge les enfants. Je crains que nous n'ayons déjà des outils mais qu'on ne les utilise pas, pour des raisons que la mission d'information pourra peut-être déceler et comprendre.
L'Éducation nationale est pour moi un secteur essentiel. Les enfants sont confiés, une grande partie de leur journée, à cette belle institution. Un enfant passe une partie de sa vie à l'école, l'autre dehors, et on ne peut pas dissocier le temps : c'est le temps de l'enfant. Il faut peut-être bousculer un peu les murs.