On constate depuis plusieurs années un ciblage des fabricants d'alcool sur les jeunes. Comment y répondre ? Quelles sont vos réflexions et propositions en la matière ?
Sur le cannabis, il nous faut répondre à des questions de fond. Jusqu'où l'interdiction est-elle une bonne prévention ? En d'autres termes, à partir de quand n'est-elle plus une prévention ? Quand l'interdiction ne génère plus la rareté et l'indisponibilité d'un produit, sa pertinence s'estompe. Dans les pays qui ont changé de paradigme, a-t-on assisté à une modification des pratiques et chez quels publics ?
Sur les salles de consommation à moindre risque, les sondages des riverains ont une signification très aléatoire. Évidemment, personne ne veut d'une salle de shoot près de chez soi ! J'étais adjoint à Paris quand a été ouverte la première salle. Celle-ci a été installée là où étaient rassemblés les usagers de drogue : les riverains trouvaient tous les matins des seringues devant chez eux. Dans ce quartier, les usagers de drogues sont pour la plupart passés de la rue à la salle. Au-delà des positions idéologiques, on constate que, dans la centaine de salles ouvertes dans le monde, en six mois, 70 % à 80 % de seringues en moins sont ramassées dans la rue. Le débat a ressurgi à l'occasion de la situation de la place Stalingrad à Paris. Le grand problème, c'est que l'on est au bout de la problématique de santé mentale et de psychiatrie pour les usagers de crack. Pour ces publics, on est face à une carence de dispositif et à une absence de réponse.
Le chef de l'État a annoncé des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, qui doivent se tenir avant la fin de mois, mais je n'arrive pas à connaître la date précise. M. Delile a cosigné une lettre ouverte, car la fédération qu'il préside n'y est même pas associée. Pourtant, les addictions sont au coeur de cette problématique. En savez-vous plus ?