Je veux d'abord dire rapidement que les CIP apportent aussi un soutien psychologique. Nous avons un accord avec l'association d'aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë (Apesa) : lorsque nos bénévoles constatent une défaillance psychologique, un risque suicidaire d'un chef d'entreprise, ils lui proposent avec délicatesse - ils sont formés pour cela - un accompagnement psychologique pris en charge par le CIP National.
Ensuite, et sans évoquer la dette de la France qui est, si je puis dire, « en main », le problème principal est aussi celui du chômage et de la détresse des salariés. Un grand patron français a d'ailleurs créé un fonds pour ses salariés en situation de détresse. Les employeurs doivent prêter attention à ces difficultés.
Le gouverneur de la Banque de France a donné le 1er juin dernier des statistiques sur la dette et la trésorerie : l'écart est effectivement d'une dizaine de milliards d'euros. Monsieur Karoutchi, vous avez tout à fait raison de dire que souffle un petit vent d'optimisme. Il faut s'en féliciter ! En mars 2020, j'ai mobilisé mes collègues, les 500 bénévoles, comme si nous allions à la guerre. Au fur et à mesure du temps, après la déclaration très forte du Président de la République sur le « quoi qu'il en coûte », nous avons fait le constat qu'il n'y avait pas autant de faillites, de liquidations, de difficultés qu'on le pensait. Nous craignions de devoir faire face à une catastrophe économique majeure, avec de nombreux dépôts de bilan : la réalité n'est certes pas rose, mais tout de même infiniment moins inquiétante que celle que l'on craignait.
Le représentant de la Banque de France a évoqué le système jedeclare.com des experts-comptables. On constate que, dans certains secteurs comme la restauration, les bilans sont macro-économiquement bien moins dramatiques qu'on n'aurait pu le craindre. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de secteurs en difficulté. Il faut continuer ce travail de « dentelle » pour parvenir à colmater les brèches.
Je soutiens le dispositif qui a été évoqué sur le carry back.
Pour terminer, à titre tout à fait personnel, je me rappelle que, voilà quarante ans, je regardais quasi mensuellement les statistiques de la balance commerciale de la France et de l'Allemagne : les chiffres n'étaient pas du tout au déshonneur de notre pays. Aujourd'hui, nous savons que l'on va approcher des 160 ou 200 milliards d'euros de différence... J'espère que cette crise permettra à la France de réindustrialiser. J'ai ressenti avec une grande douleur la désindustrialisation de notre pays, quand l'Allemagne réussissait à garder son industrie. Un effort doit être fait sur cette question.
Enfin, et je m'exprime toujours à titre personnel, il faut assurer l'indépendance de la France dans les secteurs stratégiques. J'ai trouvé dramatique d'avoir eu à se demander pendant plusieurs mois si l'on allait recevoir des masques de la Chine, alors qu'ils ne valent plus rien aujourd'hui. Je fais confiance à toutes les parties prenantes, y compris vous, mesdames, messieurs les sénateurs, pour que nous allions en ce sens.