Vous avez raison, monsieur le ministre, nous ne partons pas d’une page blanche. Cela fait vingt ans que le budget de la justice augmente sans discontinuer. Quant à la réunion des acteurs de la justice, nous en avons pris l’initiative voilà deux ans, à l’instigation de Philippe Bas, alors président de la commission des lois du Sénat. Je dois dire, d’ailleurs, que Mme Belloubet n’avait alors pas écouté un seul des mots que nous avions prononcés, y compris lorsqu’il y avait un consensus entre tous les acteurs.
Je crois que vous ne prenez pas conscience de l’importance du problème et de la difficulté d’aujourd’hui.
Je rappelle que, l’année dernière, en plein confinement, des policiers fuyaient sous des tirs de mortier à Saint-Denis.
Au mois de février, cette année, un retraité n’a pas pu obtenir de la justice de récupérer sa maison, alors qu’elle était occupée par des squatteurs ; ce sont des particuliers qui l’ont aidé à le faire.
Enfin, le mois dernier, les consommateurs de crack du quartier de Stalingrad ont été dispersés par des tirs de mortier que l’on attribue à des riverains et qui, en tout cas, ont été approuvés par eux.
L’État de droit se délite. Non seulement le droit n’est plus appliqué et les policiers fuient devant les délinquants, mais nos concitoyens préfèrent la justice privée à la justice de la République.
Ce n’est pas une aimable causerie entre acteurs de la justice qui va nous permettre de résoudre ces problèmes, mais la restauration de l’État régalien. Nous en sommes loin !