Intervention de Virginie Klès

Réunion du 25 octobre 2011 à 14h30
Service citoyen pour les mineurs délinquants — Discussion en procédure accélérée d'une proposition de loi

Photo de Virginie KlèsVirginie Klès, rapporteur :

Vous aurez maintenant compris que, faute de réflexion, vous allez détruire un dispositif qui fonctionne et qui permet l’insertion de jeunes.

Il y avait pourtant bien des choses à faire avec l’EPIDE !

Il faudrait commencer par consolider son budget et ses emplois. Peut-être faudrait-il aussi respecter a minima la direction de l’EPIDE en mettant un terme à la valse des directeurs généraux, qui arrivent et repartent, remerciés sans qu’on sache réellement pourquoi, en tout cas, pas pour un dysfonctionnement dans leur manière d’assurer leurs missions.

Sans doute aurait-il fallu penser aussi à associer, outre le ministère de la justice, le ministère de l’éducation nationale.

Oui, il aurait fallu prendre les bonnes idées de l’EPIDE, car il y en a ! Oui, certaines sont applicables aux mineurs, fussent-ils délinquants, mais à la condition de consacrer à ces jeunes un dispositif qui leur soit dédié.

Oui, sans doute y avait-il matière à réfléchir. Peut-être était-il possible de construire, avec les lycées militaires, un deuxième système de type EPIDE, en empruntant les bonnes idées de la formule, mais adaptées à la psychologie particulière des mineurs, de ces adolescents dont je rappelle ici qu’ils sont des personnes en construction.

Oui, sans doute faut-il s’intéresser aux mineurs, mais c’est dès l’âge de quatorze ans qu’il faut le faire, monsieur le ministre, sans attendre qu’ils aient seize ans ! C’est à quatorze ans que les mineurs décrochent. Alors, si nous voulons vraiment être efficaces, commençons à nous occuper des mineurs dés l’âge de quatorze ans !

Et n’allez pas mélanger des gamins de quatorze ans avec d’autres de dix-huit ans ! Créons un dispositif spécifique !

Utilisons tous nos moyens, à commencer par l’éducation nationale, qui est quand même l’un des premiers éducateurs ! Au lieu de la tuer en supprimant des postes, utilisons-la !

Croyons dans notre jeunesse ! Créons un réel dispositif qui s’occupera des jeunes de quatorze à dix-huit ans et, en lien avec l’EPIDE, des jeunes de seize ans à dix-huit ans. En préservant cette petite plage entre les deux, on rendra possible l’adaptation nécessaire pour assurer une réelle éducation, une éducation au cas par cas pour ces enfants – je dis bien ces enfants, car même à dix-huit ans, ils sont encore des enfants ! – qui sont en déshérence, qui sont en souffrance.

Avant de terminer, laissez-moi vous citer quelques jeunes que j’ai rencontrés en centre EPIDE. Ils nous ont dit avoir trouvé à l’EPIDE la communauté et le respect de ceux qui les encadrent. À l’EPIDE, ils ont trouvé une écoute, une famille et les exigences dont ils avaient besoin pour se reconstruire. À l’EPIDE, on leur a fait confiance, en les laissant gérer leurs budgets. Et si la discipline y est parfois difficile à respecter, du moins ont-ils l’assurance de trouver, à la sortie, un métier.

Et je conclurai sur les mots d’une jeune fille que l’EPIDE a fait « grandir et mûrir ». Ne cassez pas cette famille des jeunes en déshérence ! Ils n’ont pas besoin de cela !

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