Intervention de Bruno Sido

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 25 mars 2021 à 9h35
Audition de la commission nationale d'évaluation des recherches et études relatives à la gestion des matières et des déchets radioactifs cne2 sur son avis rendu à la demande de l'office « impact de la crise de la covid-19 sur les études et recherches portant sur la gestion des matières et déchets radioactifs »

Photo de Bruno SidoBruno Sido, sénateur :

Merci beaucoup pour cet exposé. Vous n'avez pas mâché vos mots et vos propos étaient extrêmement clairs. Je partage par ailleurs tout à fait vos analyses.

Je souhaite revenir sur la « solution alternative à Cigéo » évoquée dans le cadre du plan de relance. Est-ce une nouvelle manoeuvre dilatoire ? Chacun sait que le problème des déchets radioactifs à haute et moyenne activité et à vie longue est une « patate chaude » que tous les gouvernements se transmettent faute de parvenir à y apporter une solution. Émilie Cariou a rappelé que la loi dite « Bataille » comportait trois axes ; il ne faut pas l'oublier. La transmutation notamment est un élément très intéressant sur un plan scientifique. En attendant le XXIIe siècle et l'exploitation industrielle de cette technique, il ne faut pas se priver de mettre en oeuvre les moyens de procéder aux recherches qui permettront d'y parvenir. Or il n'existe plus en France aucune centrale à neutrons rapides opérationnelle. Par conséquent, il n'est plus possible de travailler sur la transmutation aujourd'hui dans notre pays. Il faut désormais se rendre en Sibérie et collaborer avec les Russes ; j'imagine que les relations diplomatiques entre nos deux pays ne vont pas les encourager à nous aider. J'aperçois le président Duplessy, que j'apprécie beaucoup, que je respecte infiniment et avec lequel nous travaillons depuis longtemps, mais nous commençons à être fatigués de ces histoires.

Beaucoup d'argent a déjà été dépensé à Bure et chacun, au niveau international, a admis que le stockage géologique profond est la solution de référence. Ceci ne signifie pas qu'il n'existe pas d'autres solutions, en particulier la transmutation ou l'entreposage en subsurface ; mais les déchets qui ont une vie hélas longue de plusieurs centaines de milliers d'années ne pourront être maintenus durablement en subsurface. Il faudra donc trouver d'autres solutions, soit sous forme de stockage « réversible » en couche géologique profonde, soit grâce à la transmutation. J'ajoute que les produits issus de la transmutation devront à leur tour être stockés.

Vous avez souligné à juste titre, monsieur le président, que tant que la filière nucléaire sera active, il existera des déchets dont on ne saura que faire et qu'il faudra entreposer quelque part. Il est donc impératif de trouver une solution. Je ne comprends absolument pas le souhait du gouvernement actuel de lancer une solution alternative à Cigéo : est-ce sérieux ? J'aimerais beaucoup connaître votre point de vue sur cette question.

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