Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 14 juin 2021 à 16h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

Car cette convention a accouché de trois sortes de mesures : des mesures techniques, parfois déjà entreprises, comme la rénovation de logements, l’économie circulaire, la décarbonation des transports, qui vont dans le bon sens. Ensuite, des solutions à la française qui proclament de bons sentiments et rendent les lois bavardes – la modification de la Constitution par exemple, qui n’ajoutait rien et préparait des contentieux innombrables. Et enfin, un catalogue de contraintes, fonds de commerce des décroissants.

Vous avez choisi les mesures qui vous paraissaient les plus pertinentes et surtout les moins chimériques. Le Sénat a donc choisi de les étudier de façon sérieuse et constructive en conciliant développement durable et justice sociale, en privilégiant une écologie décentralisée, qui n’aggrave pas les fractures économiques, sociales ou territoriales, mais cherche à les réparer, et enfin en tentant de maîtriser l’explosion normative qui s’annonce et qui angoisse déjà chefs d’entreprise, agriculteurs, artisans, commerçants et beaucoup d’élus.

Il me reste à parler du contexte, marqué par l’opposition des partisans de la croissance verte et de ceux de la décroissance. « L’écologie est un champ de bataille », déclarait à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, de La France insoumise. Je suis d’accord avec elle sur ce point, même si nous en tirons des conclusions opposées.

Faire de la décroissance un modèle est inapplicable économiquement et politiquement, et donc voué à l’échec. Quel sens peut avoir la décroissance pour le milliard d’habitants du tiers-monde et du quart-monde qui vivent avec moins de deux euros par jour ? Quel sens pour les deux autres milliards qui vivent de lopins de terre épuisés, de petits boulots, de travail au noir ? Quel sens même, chez nous, pour les ménages à petits budgets, mal logés, exposés au chômage, au surendettement, à l’insécurité ?

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