Intervention de Claude Malhuret

Réunion du 14 juin 2021 à 16h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Claude MalhuretClaude Malhuret :

La décroissance n’est pas que le mot d’ordre des Verts, énième avatar de la haine du libéralisme. C’est aussi l’opium des « bobos », comme nous l’a prouvé avec éclat, en une du journal Le Monde, il y a quelques mois, dans une tribune aussi subversive que du fromage à tartiner, une brochette de stars-kérosène au bilan carbone le plus élevé de la planète. Ces gens n’imaginent pas une seconde s’appliquer à eux-mêmes les principes défendus dans cette tribune, principes qui, s’ils devaient être adoptés, ne contribueraient au développement durable que des ronds-points.

Réorienter la croissance vers un mode de vie plus respectueux de la Terre et des hommes : tel est l’extraordinaire et passionnant défi de notre génération. Malheureusement, la Convention n’a pas répondu aux questions essentielles : comment parvenir à une énergie décarbonée si l’on se prive du nucléaire ? Comment cesser d’entraver les nouvelles techniques de génomique agricole, nécessaires pour résoudre l’impossible équation des pesticides et préserver le climat, alors même que ces techniques ont valu le prix Nobel a une Française en 2020 ? Comment faire payer les émissions de carbone à nos frontières ? Et bien d’autres…

L’Europe a largement raté la grande révolution du numérique. La prochaine est celle des industries de la transition écologique. C’est là qu’est l’enjeu majeur du plan de relance post-covid.

Si nous manquons l’occasion de ces milliards d’euros pour investir dans cette révolution qui s’appelle hydrogène vert, stockage électrique, ciment, acier et engrais zéro carbone, fusion nucléaire, géothermie, nouvelles techniques génomiques agricoles et tout ce que les milliers d’étudiants de vingt ans sont en train d’étudier sans que nous le sachions encore, si nous choisissons de sombrer dans l’écologie du « gentil avec les arbres, méchant avec les hommes », alors nous échouerons deux fois : une première fois, parce que nous serons définitivement relégués derrière les États-Unis et la Chine ; une seconde fois, ce qui est bien plus grave, parce qu’il sera trop tard pour répondre à l’urgence climatique. Quand vous prenez le train dans la mauvaise direction, rien ne sert de courir en sens contraire dans le couloir !

Tel est le défi qui vous attend, madame la ministre, qui attend tous les gouvernements à venir et qui nous attend tous.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion