Intervention de Frédéric Marchand

Réunion du 14 juin 2021 à 16h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Frédéric MarchandFrédéric Marchand :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le projet de loi dont nous commençons l’examen aujourd’hui nous adresse un double défi : d’une part, conjuguer démocratie participative et démocratie représentative et, d’autre part, accélérer la transition écologique.

J’ai encore, comme beaucoup d’entre nous, présents à l’esprit les propos tenus par le Président de la République, Emmanuel Macron, en 2017 : « Le changement climatique est l’un des plus grands défis de notre temps. […] Si nous ne faisons rien, nos enfants connaîtront un monde fait de migrations, de guerres, de pénuries […]. » Peu importe où nous vivons, nous partageons la même responsabilité.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis cette date grâce à la politique volontariste de la France. Le dernier rapport de l’institut I4CE témoigne de ce chemin, de cette volonté.

Relever le défi de la transition écologique engage notre responsabilité, celle d’additionner les volontés sur tous nos territoires, sans exclure ni diviser. Le mouvement des « gilets jaunes » nous a d’ailleurs rappelé à quel point l’acceptation de la transition par la population était cruciale et n’allait pas de soi.

Permettez-moi à ce stade de saluer l’extraordinaire travail mené par les rapporteurs, à marche forcée, certes, mais dans un climat d’exigence, d’ouverture et d’écoute.

Non, cette loi n’est pas une loi des petits pas, comme certains la caricaturent ! Les faits sont têtus : cette loi est une contribution engagée et engageante au respect de l’accord de Paris de 2015, à l’agenda 2030 des ODD et au pacte Vert pour l’Europe.

Quand ce sont 200 milliards d’euros de commandes publiques par an qui sont engagés pour la transition écologique, ce n’est pas un petit pas !

Quand est planifiée la rénovation de plus de quatre millions de logements qui sont des passoires thermiques, ce n’est pas un petit pas !

Quand est décidée la réduction par deux du rythme d’artificialisation des sols pour l’ensemble du pays, ce n’est pas un petit pas !

Quand le verdissement de l’ensemble des flottes de véhicules de l’État, des collectivités, des entreprises est accéléré, ce n’est pas un petit pas !

Quand est adoptée la fin des lignes aériennes au profit du train dans le pays qui est le leader mondial de l’aéronautique, ce n’est pas un petit pas !

Quand, enfin, est généralisée l’obligation d’intégrer 50 % de produits durables, dont des produits bio, dans la composition des 300 millions de repas servis chaque année par la restauration collective privée, ce n’est pas un petit pas !

Ce sont des pas de géant pour une transformation écologique profonde de notre société.

Le travail mené par les rapporteurs a bien évidemment fait bouger les lignes du texte. Il nous appartiendra, dans le cadre de notre débat, de porter propositions et arguments visant à corriger certains points contraires à l’ambition initiale du texte et à en rehausser d’autres. Je pense plus particulièrement aux titres Ier, III et V, sur des sujets comme l’information du consommateur, les prolongements de la loi AGEC, le transport ferroviaire et le sujet des mobilités douces, ou bien encore les sujets relatifs à l’alimentation durable, véritable enjeu des années à venir, tout comme l’est celui du logement, notamment l’épineuse question de la rénovation du bâti ancien.

Mes chers collègues, la transformation écologique passera avant tout par un changement des comportements. Assumons collectivement le fait de privilégier l’information des consommateurs et les incitations, plutôt que les interdictions arbitraires, souvent teintées d’anticapitalisme primaire.

Méfions-nous de ces nouveaux idéologues qui appellent au grand dérangement, comme d’autres, avant eux, à de grands bonds en avant : ils mènent à l’autoritarisme et à la misère collective. Ce n’est pas notre conception de l’écologie, ce n’est pas ma conception de l’écologie. L’écologie partagée est celle qui tend vers l’idéal mais qui comprend le réel.

Il y a bien un chemin entre ceux pour qui aucune mesure ne sera jamais satisfaisante et ceux qui considèrent qu’il ne faudrait jamais rien changer. Entre une écologie de l’injonction permanente, devenue une véritable rente politique, et un immobilisme coupable face à l’impératif climatique, cette voie centrale de bon sens, pour une écologie de terrain et du quotidien, est celle qui est tracée par la majorité : une écologie qui investit massivement dans le progrès technique et l’innovation, une écologie des solutions concrètes, de l’incitation et de l’accompagnement, une écologie de l’éducation et de l’adhésion de la population. C’est tout le sens de la politique menée depuis 2017, du plan de relance vert de 100 milliards d’euros et de ce projet de loi Climat et résilience.

Ce texte nous aidera à tenir nos engagements climatiques ; il contribuera à amplifier la transformation écologique de la société et à orienter notre économie vers la décarbonation. Économie et écologie sont compatibles : nous ne cessons d’œuvrer à leur conjugaison.

Je ne doute pas que nos débats permettront d’aller plus loin, plus haut, plus fort pour une transition écologique au service de toutes et tous.

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