Nous entendons ce matin Mme Kate Bingham, ancienne responsable de la UK Vaccine Taskforce, sur la stratégie vaccinale et l'approvisionnement en vaccins au Royaume-Uni. J'indique que cette audition fait l'objet d'une captation vidéo retransmise en direct sur le site du Sénat et disponible en vidéo à la demande.
Mme Bingham travaille dans le domaine de la santé, mais n'est pas, à la différence de notre « M. Vaccins », une spécialiste des vaccins : elle est investisseuse en capital-risque au sein de la société SV Health Investors, et c'est à elle que le Premier ministre britannique s'est adressé, en mai 2020, pour prendre la tête de la task force sur les vaccins, avec la mission périlleuse de sécuriser un approvisionnement en vaccins sûrs et efficaces contre un virus encore inconnu quelques mois plus tôt. Cette mission a duré six mois, puisqu'elle a quitté ce poste pour reprendre ses activités au sein de son entreprise en décembre dernier.
Si notre culture collective sur les vaccins a fortement progressé au cours de cette année, c'est surtout le raccourcissement spectaculaire de leur durée de développement qui doit être salué, alors que l'effort consenti en recherche pourrait bénéficier à d'autres pathologies.
Madame Bingham, comment avez-vous géré cette question de la prise de risque dans la négociation avec les industriels ? Nous savons que le Royaume-Uni a très tôt soutenu financièrement le travail de l'université d'Oxford, avant même qu'AstraZeneca n'apporte son savoir-faire industriel. Le risque était grand, et sa gestion a été décisive dans un dossier marqué par de grandes incertitudes.
Notre réflexion porte également sur l'organisation de l'État pour faire face à ce type de crise. Le Royaume-Uni envisage la création d'une agence dédiée aux vaccins ; certains en France souhaitent une agence de l'innovation. Quel regard portez-vous, à la suite de votre expérience, sur l'organisation nécessaire au sein d'un État pour soutenir les innovations dans un dialogue exigeant avec les industriels ?