Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 15 juin 2021 à 14h30
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 4, amendement 344

Barbara Pompili :

Comme je l’ai déjà expliqué, nous avons choisi une stratégie légèrement différente. Hors énergies fossiles, nous avons décidé de privilégier, non pas les interdictions, mais une approche fondée sur l’information du consommateur. Cette dernière repose sur le développement du score environnemental à l’article 1er et sur des engagements volontaires, lesquels devraient permettre de transformer progressivement les messages publicitaires et d’ajouter une dimension positive, en renforçant la mise en avant des produits et des comportements ayant moins d’impact sur l’environnement.

Une vraie dynamique s’est d’ailleurs enclenchée, du côté des annonceurs comme des agences de médias. En complément des dispositions qui, au sein de l’article 4, vont rendre obligatoire l’affichage environnemental sur les publicités, elle constituera le fondement de l’arrêt progressif des annonces pour les produits les plus polluants.

C’est pourquoi j’émets un avis défavorable sur l’amendement n° 344.

De la même manière, l’amendement n° 1397 renvoie à des principes et objectifs de développement durable trop généraux pour qu’ils soient sérieusement inscrits dans la loi. J’y suis donc défavorable.

S’agissant de l’amendement n° 74 rectifié, je vous confirme, monsieur Demilly, que c’est bien la publicité directe, et non la publicité indirecte, qui est visée et qui doit cesser pour faire évoluer les comportements. Mais cela est déjà très clairement exprimé dans le texte.

L’avis est donc défavorable sur cet amendement, qui me semble satisfait.

L’amendement n° 2028 rectifié bis vise à supprimer la précision selon laquelle le décret en Conseil d’État fixe les règles applicables aux énergies renouvelables incorporées aux énergies fossiles.

Nous avons été clairs pendant les débats à l’Assemblée nationale et le dispositif a été quelque peu modifié en commission : nous souhaitons que la publicité soit interdite pour les carburants composés majoritairement d’énergies fossiles. Nous considérons que l’incorporation d’énergies renouvelables peut donner lieu à publicité dès lors que l’on atteint un certain seuil.

Dans les débats à l’Assemblée nationale, nous avions proposé le seuil de 50 % au moins, ce qui semblait relever du bon sens. Si nous demandons que ce seuil soit fixé par décret, c’est pour laisser un minimum de marge de manœuvre au Gouvernement.

Si l’amendement n° 2028 rectifié bis était adopté, il conduirait notamment à interdire la publicité pour des mix incorporant une part très élevée d’énergies renouvelables au regard des énergies fossiles. De plus, tel qu’il est rédigé, il ne propose pas de supprimer par cohérence la phrase suivante de l’alinéa, selon laquelle les biocarburants dont le contenu biogénique est égal à 50 % au moins n’entrent pas dans le champ de l’interdiction.

C’est pourquoi je suis défavorable à cet amendement.

Il en va peu ou prou de même de l’amendement n° 75 rectifié, qui, s’il était accepté, anticiperait sur le décret à venir et pourrait conduire à exclure de l’interdiction de publicité des mix énergétiques incorporant a contrario une très faible part d’énergies renouvelables au regard des énergies fossiles. Cela irait bien évidemment à l’encontre de nos objectifs, et j’émets donc un avis défavorable sur cet amendement.

L’amendement n° 931 prévoit de déroger à l’interdiction de publicité au profit du gaz naturel. Je suis en désaccord avec vous sur ce point, monsieur Demilly. Le gaz naturel reste une énergie fossile, même s’il émet moins de gaz à effet de serre que le pétrole ou le charbon. Par cohérence avec nos propositions, je ne souhaite pas qu’une telle dérogation soit accordée : avis défavorable.

Vous avez sollicité mon avis sur l’amendement n° 503 rectifié, madame la rapporteure. Cet amendement se limitant à apporter une modification rédactionnelle à la dernière phrase de l’alinéa 5 de l’article 4, elle-même réécrite par la commission dans un sens qui ne nous satisfait guère, nous ne pouvons qu’y être défavorables.

Le Gouvernement rappelle que l’article 4 a vocation à interdire la publicité en faveur d’une liste d’énergies fossiles. Par définition, les énergies renouvelables sont exclues de cette interdiction. Se pose dès lors la question des mix énergétiques incluant à la fois des énergies fossiles et renouvelables en proportions très variables, pour lesquels le Gouvernement a choisi de se laisser une marge de manœuvre.

Le décret qui fixera la liste des énergies fossiles précisera donc également les règles applicables aux énergies renouvelables incorporées, en définissant les mix énergétiques qui pourront faire l’objet de publicité selon la proportion d’énergies renouvelables qu’ils contiennent.

Quelle que soit la terminologie employée, la dernière phrase de l’alinéa 5 issue des travaux de la commission anticipe sur ce décret à venir et réduit la marge de manœuvre du Gouvernement. L’avis est donc défavorable sur l’amendement n° 503 rectifié.

L’amendement n° 146 vise à interdire de façon assez générale la publicité sur les produits présentant un impact environnemental excessif à compter du 1er janvier 2022, ce qui pourrait avoir des conséquences contraires à ce que nous recherchons pour les filières concernées.

L’avis est donc défavorable, car nous ne sommes pas dans le même état d’esprit.

L’amendement n° 346 vise à interdire progressivement la publicité en faveur des véhicules de tourisme les plus polluants. Nous avons contribué à enclencher une dynamique, et c’est bien aussi à cela que sert le débat parlementaire. Le lancement de ce débat sur les interdictions de publicité a conduit beaucoup d’annonceurs et de filières à venir nous annoncer qu’ils étaient prêts à faire un certain nombre d’efforts. Carotte ou bâton, le plus important, c’est encore d’obtenir des résultats. Je salue à cet égard les engagements très forts pris par les constructeurs français, qui ont finalement devancé vos amendements, mesdames, messieurs les sénateurs.

En 2019, la publicité pour les véhicules les plus propres, ou les moins sales – je n’aime pas employer l’expression « véhicules propres », car rien n’est vraiment complètement propre –, à savoir les hybrides et les électriques, représentait 19 % des publicités. Les constructeurs français se sont engagés à consacrer 50 % de leur budget de publicité à ces véhicules dès cette année, 60 % en 2022 et 70 % en 2023. Ces engagements publics importants, qui dépassent même vos propositions, pourront être vérifiés.

C’est pourquoi j’émets un avis défavorable sur l’amendement n° 346.

L’amendement n° 1399 concerne les publicités faisant la promotion de biens dont la disparition est programmée. Encore une fois, son objet n’est pas conforme à l’état d’esprit du Gouvernement. Nous avons choisi d’encourager les actions volontaires plutôt que les interdictions larges et générales.

J’émets donc un avis défavorable sur cet amendement, de même que sur l’amendement n° 1400, qui prévoit de surcroît une interdiction de la publicité pour l’achat de biens ayant un impact négatif sur l’environnement, dès lors que des produits ayant un effet moindre sur l’environnement sont disponibles.

Cette mesure toucherait vraiment un très grand nombre de produits et de services : elle serait à mon sens impossible à appliquer en pratique, car les entreprises n’auraient pas forcément connaissance en temps réel de l’existence de produits et services moins nocifs répondant à la même demande.

L’amendement n° 345 rectifié vise à restreindre la publicité sur les liaisons aériennes substituables par un trajet en train d’une durée inférieure à trois heures trente. Cette fois, le champ de l’interdiction serait vraiment très restreint, quelques lignes seulement étant concernées. Je pense notamment à Paris-Marseille, et peut-être Paris-Bruxelles.

Je ne suis pas certaine au demeurant que les personnes qui choisissent un vol plutôt qu’un train se décident sur le fondement d’une publicité. C’est plutôt le prix qui est déterminant. Je travaille beaucoup avec la SNCF pour rendre le train compétitif par rapport à l’avion, et c’est ainsi qu’une forte baisse des prix a été annoncée le 1er juin dernier. Le train sera plébiscité s’il est moins cher, c’est une évidence, avant même toute considération écologique. J’émets donc un avis défavorable sur cet amendement.

Je suis également défavorable au sous-amendement n° 2245, car le dispositif ne toucherait que les lignes internationales, les lignes nationales visées par l’amendement devant en principe être interdites par la loi. Il y aurait donc encore moins de liaisons concernées.

S’agissant de l’amendement n° 1402 sur la publicité pour les véhicules les plus polluants, j’ai déjà expliqué pourquoi j’étais défavorable à ce genre de dispositions.

L’avis est le même sur l’amendement n° 147, pour les mêmes raisons.

Enfin, sur l’amendement n° 1718, nous avons déjà débattu hier des biens qui libèrent des microfibres plastiques. Vous avez redit, madame Préville, à quel point ils constituaient une plaie pour l’environnement et à quel point le problème était encore méconnu.

Je vous fais la même réponse qu’hier : un décret d’application de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC) visant à informer les consommateurs sur les qualités environnementales caractéristiques des produits générateurs de déchets est actuellement soumis au Conseil d’État. Il prévoit une information obligatoire des consommateurs sur les rejets de microplastiques occasionnés par les produits textiles constitués en majorité de fibres synthétiques.

Cet amendement me semble donc satisfait. N’oublions pas non plus que le projet de loi prévoit aussi d’apposer une étiquette environnementale sur les publicités. L’avis est donc défavorable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion