L’avis du Gouvernement reste inchangé. Je ne voudrais pas que l’on se perde dans des débats qui ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.
Je vous invite à prendre connaissance d’un article très intéressant que j’ai lu dans Les Échos de ce matin. Il s’agit d’un entretien avec le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), lequel connaît très bien ces sujets et pose les débats simplement. Permettez-moi de citer ses propos.
« À l’horizon 2050, dit-il – car une politique énergétique, c’est long ! –, tous nos réacteurs se seront arrêtés et nous ne sommes pas en capacité de construire 62 gigawatts, que ce soit pour des raisons industrielles mais aussi d’acceptabilité. » J’ajoute que le droit ne prévoit pas de moratoire des conseils municipaux sur les centrales nucléaires…
Il poursuit : « Sur le plan économique, les énergies renouvelables atteignent aussi le même niveau de prix que l’électricité nucléaire historique. On aurait tort de s’en priver. Il nous faut donc doucement baisser la part du nucléaire et trouver des substituts.
« Le premier substitut au nucléaire, c’est la maîtrise de la consommation, grâce à l’efficacité énergétique croissante. Mais attention, au global la consommation d’électricité va augmenter car nous devons décarboner le transport et le chauffage. Le deuxième, c’est la flexibilité des réseaux […]. »
L’éolien est incontournable parce que « toutes les énergies renouvelables ne se valent pas. L’hydrogène est aujourd’hui hors de prix, l’hydrolien également, et on ne disposera pas d’assez de gaz vert pour décarboner le gaz et produire de l’électricité. Il nous faut donc faire du solaire et de l’éolien. Le solaire est bon marché, mais prend beaucoup de place : pour construire l’équivalent d’un réacteur nucléaire EPR, il faudrait disposer des panneaux photovoltaïques sur l’équivalent de 7 500 terrains de football ! Nous allons continuer à chercher de l’espace et poursuivre la recherche pour augmenter la productivité, mais le solaire seul ne suffira pas. Il nous faut donc absolument développer l’éolien.
« La France a cinq fois moins d’éoliennes au kilomètre carré que l’Allemagne, et 3, 3 fois moins que le Danemark. Il y a encore de la place. Il faut que chacun fasse un effort. »
Je vous invite à lire la suite de cet entretien, qui est très intéressant.
Nous avons des objectifs d’intérêt national, qui sont délimités dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), pour laquelle il existe une remise à jour.
L’un d’entre vous a dit précédemment que l’on avait pris des décisions il y a déjà un certain temps et que, depuis, les choses avaient évolué. Voilà pourquoi cette remise à jour est nécessaire.
Les parlementaires ont obtenu – nous nous étions battus à l’Assemblée nationale pour cela – que les remises à jour soient faites au niveau du Parlement et que celui-ci ait le droit de voter la PPE.
Dès lors que vous, parlementaires, votez la PPE, vous devez avoir à cœur de voir appliquer ce que vous adoptez, car cela me paraît être la base. La PPE doit être mise en œuvre dans les territoires.
Il ne faut donc pas que, sur lesdits territoires, on prévoie des verrous qui empêcheront d’appliquer les politiques votées par la représentation nationale. Il convient, par conséquent, de mettre en place une concertation.
Il faut aussi prévoir une cartographie, qui est la reprise, souhaitée par tout le monde, des zones de développement éolien. C’est ce qu’il faut faire avant la concertation.
Chaque fois qu’on ajoute un verrou, on met une pierre dans notre jardin. Voilà pourquoi je suis défavorable à l’amendement.