Je suis secrétaire nationale des psychologues et directeurs de centres d'information et d'orientation (CIO) au SNES-FSU (syndicat national des enseignements du second degré - fédération syndicale unitaire). Je représente aussi les collègues du premier degré puisque nous avons un corps commun, qui va de la maternelle à l'université et qui se décline en deux spécialités : les collègues qui travaillent à l'école et ceux qui travaillent dans le second degré, c'est-à-dire dans les CIO, les collèges et les lycées - et pour certains d'entre eux à l'université, voire dans d'autres structures.
Nous vous remercions pour cette audition, car nous nous sentons concernés, en tant que personnels. Nous ne sommes pas, pour les psychologues de l'éducation nationale, des personnels de santé. La psychologie requiert une formation, mais en dehors du champ de la santé, et travaille dans de nombreux domaines, y compris l'Éducation nationale. Nous y travaillons car nous sommes formés à la psychologie dans des domaines qui concernent l'école : l'éducation, le développement psychologique et social, les apprentissages et l'orientation.
Nous travaillons, avec tous nos collègues, dans les établissements scolaires et nous faisons partie de la FSU. Certains de nos collègues ont été interrogés la semaine dernière, mais pas de psychologues. Nous venons apporter l'éclairage de la psychologie sur le harcèlement à l'école ou en milieu scolaire.
Sur le sujet du harcèlement en milieu scolaire, se posent les questions de la prévention et du repérage des situations. Nous aborderons aussi le phénomène du cyberharcèlement.
Pour nous, la situation du harcèlement en milieu scolaire ne se distingue pas vraiment du « climat scolaire ». L'école, le collège et le lycée constituent un monde bien identifié des élèves, mais il faut aussi comprendre l'école comme un milieu poreux à ce qui se passe dans la société. Le confinement a ainsi eu des conséquences à l'école. L'installation du cadre scolaire et du climat est donc importante nos yeux.
Nous avons aussi pour habitude de ne pas seulement travailler seuls mais aussi avec d'autres équipes : les enseignants, les infirmiers, des assistants de service social, des conseillers principaux d'éducation (CPE), des directeurs et équipes de direction. Dans la question du repérage et de la prévention du harcèlement, le but est de travailler en équipe. La détection de signes d'alerte n'est pas le fait d'une seule personne. On peut parfois être amené à recueillir la parole d'un enfant, mais c'est vraiment une question de travail d'équipe pluri-professionnelle, où chacun va apporter son éclairage en fonction de sa place et de sa formation.
Pour nous, ce qui ressemble à des changements d'attitude et de comportement sont des informations qu'on échange, ou bien dans le cadre de réunions formelles, les cellules de veille, ou bien lors de discussions moins formelles en salle des professeurs, en cours d'école. Cette question se travaille dans le temps, non seulement à l'échelle de l'année scolaire, mais aussi à tous les moments de la journée, quel que soit le cadre.
Dans le cadre de réunions plus institutionnelles, les psychologues apportent un éclairage qui doit aussi s'appuyer sur le regard de chacun, y compris la parole des parents.
L'échange, de façon générale, prend beaucoup de temps, dans le temps scolaire. Nos équipes pluri professionnelles ne sont pas extensibles : rencontrer un collègue assistant de service social n'est pas toujours facile. Certes, les échanges par mail facilitent les choses. Mais les temps sont parfois partagés, avec des bureaux occupés par les mêmes personnes à des moments différents, ou bien parce que nous avons plusieurs établissements à charge. Il n'est pas facile d'échanger dans ces conditions.
Je voulais aussi rappeler qu'en tant que psychologues, il nous arrive d'avoir à accueillir la parole sur une question de harcèlement. Les questions de cyberharcèlement explosent mais dépassent le cadre de la seule institution scolaire. Les messages envoyés sur les boucles créées par des enfants parfois très jeunes se font dans un temps hors institution scolaire, et ressurgit sur l'institution. On ne peut être seuls à ce niveau : il faut impliquer les parents.