Intervention de Catherine Cordier

Mission d'information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement — Réunion du 16 juin 2021 : 1ère réunion
Audition d'organisations syndicales représentant les personnels médico-sociaux de l'éducation nationale

Catherine Cordier, secrétaire générale adjointe du syndicat national des infirmiers et conseillers de santé (SNICS-FSU) :

Je vais vous parler du rôle des infirmières de l'Éducation nationale dans les dispositifs de lutte contre le harcèlement. Ma collègue complètera sur les deux questions que vous avez posées.

Les personnels de l'Éducation nationale interviennent du premier degré est le sens de leur recrutement est la réussite scolaire. Un élève ou un étudiant harcelé a malheureusement de grandes chances de décrochage.

Les infirmières de l'Éducation nationale sont au centre des dispositifs de lutte contre le harcèlement, qui a un grave impact sur la santé mentale et physique et la réussite des élèves et étudiants. Elles sont au coeur des établissements : leurs missions sont l'accueil, l'écoute, le conseil, les soins, l'orientation et la protection. De par leur rôle propre, les infirmières de l'Éducation nationale sont seules à pouvoir pratiquer des consultations infirmières libres et gratuites à proximité des élèves en garantissant le secret professionnel.

Le besoin de libérer la parole des jeunes est facilité par notre présence au quotidien dans les établissements, où l'infirmerie est un lieu neutre identifié par nos jeunes. Elles assurent l'accompagnement des jeunes au long cours, grâce à des consultations régulières qui leur permettent d'analyser et repérer des situations de harcèlement et de protection de l'enfance. Bien souvent, les jeunes expriment des symptômes (maux de ventre ou de tête...) derrière lesquels se cachent souvent un mal-être et une souffrance. La relation de confiance avec le personnel de santé peut permettre de libérer leur parole et de dépister les situations de souffrance psychologique. Selon les situations, un suivi au long cours peut être proposé et si besoin, un accompagnement des familles et une orientation vers des structures de soins extérieures, ou d'autres professionnels de santé, ou encore des professionnels internes (assistants sociaux, PsyEN).

L'infirmière veille à la discrétion de la diffusion de l'information pour éviter la stigmatisation des élèves ou étudiants concernés.

L'infirmière de l'Éducation nationale fait partie intégrante des équipes éducatives et pédagogiques. Elle oeuvre dans la coordination des dispositifs et l'harmonisation des pratiques. Elle entretient un langage commun, aide à la mise en route des protocoles et des cellules de veille en assurant son rôle de conseillère technique des chefs d'établissement et, dans le premier degré, des PsyEN et des directeurs d'école. Elle travaille en équipe avec les assistants sociaux, les CPE, les psychologues scolaires et les professeurs. Grâce à son expertise, l'infirmière de l'Éducation nationale analyse des situations au quotidien qui lui permettent d'impulser des séances d'éducation à la santé, collectives ou individuelles. Par ses compétences, elle assure la formation des jeunes mais aussi des adultes, la sensibilisation au harcèlement notamment en lien avec le sujet réseaux sociaux. Je rebondis sur ce qu'a dit Brice Castel : il s'agit plus souvent de sensibilisations ; pour avoir des formations, il faut du temps.

L'infirmière permet le développement des compétences psychosociales des élèves, qui constituent des mesures de protection aux situations de harcèlement, notamment dans le premier degré. C'est en effet dès le plus jeune âge qu'il faut prévenir et sensibiliser sur ces phénomènes, et renforcer l'estime de soi, et ainsi éviter que les élèves et étudiants ne se retrouvent comme victime, agresseur ou témoin. En effet, sans spectateur, il n'existe le plus souvent pas de harcèlement.

Il faudrait renforcer le nombre d'infirmières sur le terrain, ce qui permettrait d'augmenter le nombre de consultations d'infirmières et le nombre de séance d'éducation à la santé. Nous constatons hélas que de nombreux établissements ouvrent sans poste d'infirmière. Il faudrait a minima une assistante sociale et une infirmière dans chaque établissement du second degré. Il est impératif de dégager du temps pour travailler en équipe. La lutte contre le harcèlement ne peut pas se départir du climat et de l'inclusion scolaires, car chaque membre de l'équipe éducative et pédagogique doit être à même de repérer les signaux pour intervenir au plus vite.

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