Intervention de Micheline Jacques

Mission d'information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement — Réunion du 16 juin 2021 : 1ère réunion
Audition d'organisations syndicales représentant les personnels médico-sociaux de l'éducation nationale

Photo de Micheline JacquesMicheline Jacques :

Dans mes fonctions de directrice d'école, à Saint-Barthélemy, j'ai eu à traiter des cas de harcèlement scolaire. Je souhaite apporter un témoignage qui viendra conforter ce qui a été dit en matière d'effectif, d'encadrement et de mal-être des enseignants. Le premier degré, l'école doit être une bulle de sérénité, où le contact est normalement plus facile. Plus une équipe est soudée, plus les enseignant se sentent à l'aise, et plus il y aura une prise en compte des enfants et de la famille, un développement d'un lien de confiance, qui va permettre de déceler des petits phénomènes de harcèlement, en lien avec la préadolescence. Je pense notamment aux élèves de 8-9 ans. Il est donc important de pouvoir disposer d'une équipe infirmière/éducatrice spécialisée pour pouvoir travailler avec l'école et les familles. Or, il se trouve que les établissements de Saint-Barthélemy sont dépendants de Saint-Martin - où se situe le psychologue de l'éducation nationale. Il était ainsi difficile de mettre en place quelque chose avec ce dernier. C'est la raison pour laquelle nous travaillons avec des bénévoles, parfois avec des parents d'élèves psychologues.

J'ai également été amenée à gérer du harcèlement scolaire qui prenait naissance en dehors de l'école : dans les activités périscolaires, dans des conflits de voisinage... La confiance mise en place faisait que les enfants se livraient plus facilement aux enseignants. Il y a en effet des situations où les enfants ont peur d'expliquer aux parents ce qui leur arrivent.

Ce qui m'a le plus touché, c'est la non-prise en compte du jeune harceleur : il est pointé du doigt, l'approche est principalement répressive, sans chercher à comprendre pourquoi il harcèle un autre enfant. À titre anecdotique, nous avions réussi à nouer une telle relation de confiance, que certains élèves du collège, revenaient nous voir et se confier à l'équipe du premier degré sur des sujets de harcèlement et de manière générale en cas de problème.

Nous constations que souvent, dans les cas de harcèlement que nous avons eu à connaître, l'enfant auteur connaissait des problèmes familiaux importants. Or, le collège n'était pas forcément au courant de la situation familiale de l'enfant. Si on veut endiguer le phénomène de harcèlement, il faut chercher ses causes.

Il y a souvent un effet « boule de neige » dans le harcèlement scolaire : un élève lance le harcèlement, et plusieurs élèves, pour faire partie du groupe, entrent dans le jeu, le font par amusement, sans se rendre compte du mal qu'ils font à autrui.

Il n'y a pas assez d'infirmiers scolaires ou de psychologues de l'éducation nationale. Les enseignants peuvent se trouver démunis, et certains parents agressifs. Certains parents sont également en détresse, et ont besoin d'être accompagnés pour gérer leurs adolescents.

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