Je partage ce qui a été dit. Concernant le travail en équipe au sein d'un même établissement, vous nous demandiez pourquoi ce serait difficile à mettre en oeuvre. Je suis assistant scolaire depuis 15 ans et je n'ai jamais pu rencontrer la psychologue scolaire de mon établissement car nous partageons systématiquement le même bureau, ce qui fait que nous sommes présents sur des jours différents. C'est une illustration d'une des difficultés de pouvoir travailler en équipe. Cette question-là de temps de présence sur les établissements génère parfois une incapacité de se rencontrer.
Je souhaitais revenir sur le travail de partenariat. Effectivement, au sein des territoires nous travaillons avec des partenaires, notamment les parquets. En tant qu'assistants sociaux et assistantes sociales, en lien avec la protection de l'enfance, nous sommes régulièrement amenés (tout dépend des secteurs et des situations) à transmettre des signalements à la justice pour des situations de protection de l'enfance. Un lien se fait donc, une connaissance réciproque. Pareillement, des conventions sont souvent établies entre l'Éducation nationale, les Parquets et les conseils départementaux sur ces sujets-là.
Il nous est demandé depuis des années d'avoir un service social du premier degré. Nous sommes bien conscients, lorsque l'on parle du premier degré, que le harcèlement peut être élargi à d'autres problématiques. Une vraie difficulté persiste sur le fait que dans le premier degré, bien souvent, les équipes enseignantes sont seules en interne, il n'y a pas d'équipe complémentaire comme il peut y en avoir dans le second degré. Dans le second degré elles ne sont souvent pas assez abondées en termes de moyens pour avoir une équipe pluri professionnelle à temps plein dans chaque établissement. Le service social est très peu présent. C'est pourtant un point qui nous parait essentiel.
Vous évoquiez le travail fait avec les services sociaux des départements. Il y a un vrai apport sur ces sujets-là. Le service social scolaire a cette double culture à la fois du service social mais aussi de l'Éducation nationale qui est un peu un « monde à part » avec ses codes, ses cibles, ses fonctionnements. Nous avons cette spécificité de pouvoir faire le lien plus facilement et expliciter de chaque côté les points de tension qui peuvent émerger parce que ces deux mondes ne se connaissent pas forcément dans le détail, n'ont pas la même temporalité et ont d'autres contraintes.
Concernant les numéros, pour le harcèlement le 30 18 et le 30 20 ont été évoqués. Je mets de côté le 30 18 car j'en maîtrise moins les dessous. Je connais le 30 20, son utilité, comment il fonctionne, etc. Il peut être utile pour des parents, des familles en conflit avec les établissements, lorsque le dialogue est parfois rompu puisque cela permet de faire intervenir un tiers médiateur externe à l'établissement et essayer de renouer le dialogue. Le traitement de ces situations de harcèlement passe avant tout par un dialogue soutenu, commun, le plus souvent possible.
Pour les élèves, c'est vraiment le temps de présence au sein des établissements qui est important. C'est toute la richesse des équipes car les enfants choisissent l'adulte auprès duquel ils vont se confier. Ce dernier peut ensuite travailler en équipe et y trouver un soutien quand il est interpellé sur des choses pour lesquelles il ne sait pas comment faire.
Le téléphone est complémentaire mais souvent les appels redescendent jusqu'à nous : ma cheffe de service m'interpelle alors, m'énonce que nous avons été saisis de telle situation, et me demande ce que l'on peut faire, et comment traiter les choses.
La question du harcèlement est traitée « à côté » : il y a l'élève au centre, la pédagogie, et le harcèlement ensuite, comme l'on peut traiter de la protection de l'enfance ou de la santé dans des sphères séparées. Nous sommes au contraire convaincus qu'il faut prendre en charge l'enfant dans la globalité pour ensuite traiter les questions pédagogiques et la réussite scolaire de tous. C'est bien pour cela que nous revenons sur ces questions. Il y a un changement logique. La question sociale de santé doit infuser tout le reste, plutôt que d'être traitée dans un second temps.