Intervention de Julien Denormandie

Réunion du 22 juin 2021 à 21h30
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 59

Julien Denormandie :

Je profiterai de cet amendement pour exprimer la position du Gouvernement sur ce sujet.

Cette position est très claire ; elle repose sur deux maîtres mots : le choix et la qualité.

Le choix, tout d’abord, parce que le pouvoir exécutif n’a pas à s’immiscer dans le régime alimentaire choisi par nos concitoyens ; ce n’est pas à moi, en tant que ministre de l’alimentation, d’« imposer » – j’emploie ce terme à dessein – un régime alimentaire à quiconque. Certes, le Gouvernement, dans le cadre du plan national nutrition-santé, exprime des recommandations – je pense notamment au fameux arrêté de 2011 relatif à la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire – sur les quantités hebdomadaires à respecter pour les différents aliments. Ensuite, ces recommandations sont – cela relève, pour le coup, de la responsabilité du pouvoir exécutif – mises en œuvre dans les cantines scolaires et nous devons également nous assurer que ces recommandations sont bien respectées, notamment pour ce que l’on donne à manger à nos enfants.

Toutefois, au-delà de ces recommandations et de ces contrôles sur les cantines, il n’est nullement question que le pouvoir exécutif s’immisce dans le régime alimentaire des uns et des autres, en imposant quoi que ce soit.

Premier maître mot, donc : le choix ; l’article 59 et toutes les discussions que nous avons eues jusqu’à présent visent à accorder cette liberté.

Le deuxième maître mot, sur lequel je veux insister, est la qualité.

Quel est notre plus grand combat aujourd’hui ? C’est celui de la qualité, notamment celle de la viande qui est distribuée dans les cantines scolaires. Songez donc, mesdames, messieurs les sénateurs, que plus de 60 % de la viande consommée dans nos cantines est importée. Or, d’un point de vue nutritionnel, on pourra dire ce que l’on veut, mais un poulet ukrainien ou brésilien ne représente absolument pas les mêmes apports qu’un poulet français. Absolument pas !

Ce combat de la qualité, je le mène, en tant que ministre de l’agriculture et de l’alimentation, depuis le premier jour. Nous devons renforcer la qualité des produits. Nous en discuterons plus tard, dans la soirée, à propos des objectifs de qualité de la nutrition, définis dans la loi Égalim et que le projet de loi Climat renforce.

Mes deux maîtres mots sont donc le choix et la qualité.

J’ajouterai un troisième élément, pour faire écho à ce que vous avez dit, madame la rapporteure pour avis, sur les bilans environnementaux : faire le choix de la qualité de notre viande, c’est évidemment favoriser la production locale, dans nos territoires et, ainsi, avoir un meilleur bilan environnemental par rapport à de la viande importée, à tous points de vue.

Néanmoins, c’est exactement la même chose avec les protéines dites « végétales ». Notre système est ainsi organisé, depuis de plus de cinquante ans, que nous – la France, mais également l’Europe – dépendons des protéines végétales sud-américaines ; nous importons du soja brésilien pour la consommation de notre bétail ou pour la consommation humaine. Il nous faut absolument sortir de cette dépendance, parce qu’importer des protéines végétales engendre de la déforestation et dégrade la biodiversité.

C’est pour cela que j’en ai fait un combat fort du Gouvernement, en utilisant notamment le plan de relance, au travers duquel nous investissons 120 millions d’euros dans la production de protéines végétales destinées à la nutrition animale ou humaine ; c’est la stratégie Protéines, que je défends avec beaucoup de détermination à l’échelon européen.

Voilà ce que je voulais dire en guise d’introduction.

Pour toutes ces raisons, le Gouvernement a émis un avis défavorable sur cet amendement.

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