Nous sommes une grande nation polaire ! Nous avons une histoire prestigieuse, dans laquelle les noms de Jules Dumont d’Urville et de Paul-Émile Victor résonnent encore très fort. Nos chercheurs sont reconnus ; notre expertise, notamment en termes de carottage des glaces, nous place au faîte de l’excellence mondiale.
Nous avons joué dans la cour des grands, et il est temps que nous y revenions ! En effet, dans la réalité, nos chercheurs font face à de graves pénuries : d’une manière générale, ils ne peuvent pas travailler dans de bonnes conditions, faute de moyens ; ils sont même obligés de négocier pour être véhiculés par des brise-glace étrangers. Le sous-investissement est chronique et nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux.
En juin, il y a seulement quelques jours, la France a accueilli la 43e réunion consultative du traité de l’Antarctique, présidée par notre ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes, Olivier Poivre d’Arvor. Nous sommes signataires du Protocole au traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement. Nous nous devons donc d’être à la pointe pour nos infrastructures de recherche et, pour cela, il faut rénover nos stations.
Le réchauffement climatique est très intense aux pôles, et ces endroits jouent un rôle clé pour observer et prévoir. Nous devons rester une nation qui assure la gouvernance de ces magnifiques grands espaces préservés – ils deviennent malheureusement sujets à convoitise – et qui veille sur eux.
Je rappelle que l’Antarctique est en cogestion et que seules les parties consultatives peuvent prendre part à la prise de décision à raison de l’importance de leurs activités de recherche. Le droit d’un État à participer à la décision repose donc sur sa présence et sur son investissement dans la recherche scientifique.
C’est pourquoi, monsieur le ministre, je vous adresse un signal d’alerte : de plus en plus de pays investissent davantage que nous – cela a été mentionné à l’instant –, que ce soit financièrement ou en nombre d’expéditions.
N’oublions pas que les enjeux des pôles dépassent le seul domaine de la recherche. Ce sont aussi des enjeux géostratégiques cruciaux, puisque le dérèglement climatique va entraîner l’ouverture de nouvelles voies de communication et favoriser l’accès à des ressources naturelles, notamment dans le sous-sol.
Nous nous devons de ne pas être naïfs et de défendre notre statut et notre place. C’est un devoir moral pour défendre nos valeurs.