Intervention de Salwa Toko

Mission d'information Uberisation — Réunion du 6 juillet 2021 à 9h20
Audition de Mme Salwa Toko présidente de becomtech ancienne présidente du conseil national du numérique et auteure du rapport « travailler à l'ère des plateformes. mise à jour requise »

Salwa Toko, présidente de Becomtech, ancienne présidente du Conseil national du numérique :

Nous savions que le chemin serait long avant que notre préconisation de créer un observatoire du dialogue social, puisse aboutir. Nous avons, en effet, à faire à une pléthore de catégories de travailleurs indépendants dans ces plateformes. Ces derniers ont des statuts d'activité différents. Le spectre du public concerné est large entre un jeune en recherche d'emploi issu d'un quartier prioritaire qui a bénéficié d'une aide au transport et quelqu'un qui décide de travailler pour une plateforme pour avoir des revenus complémentaires. Il faut déjà clarifier la catégorie des travailleurs des plateformes qui pourront exigés d'avoir ce dialogue social dans le cadre de leur activité. Nous avons un spectre tout aussi large de plateformes. Certaines fonctionnent sous un mode de « coopérative », sont de nationalités différentes... Il y a un travail préalable de définition. Il a toujours été important de bien spécifier que le travail mené par la France sur ce sujet, devait être porté à l'échelle européenne. Cette ordonnance est peut être une première étape mais je doute qu'elle atteigne les objectifs que le CNNum préconise.

Après tout, pourquoi ouvrir un dialogue social ? Il existe des syndicats en France. Ces travailleurs pourraient bénéficier des actions menés par les acteurs sociaux traditionnels. La question de la rémunération est la seule problématique à laquelle sont confrontés les travailleurs de grandes plateformes. Comment ces revenus sont versés ? Quel type de revenu on peut avoir ? Quel montant ? C'est le point fondamental. Tout le reste ne pourra venir s'y adosser après que l'on aura réglé cette question du revenu. Quand ils se réfèrent au travail indépendant en France, ces travailleurs nous disent qu'un graphiste ou un coiffeur indépendant fixe ses tarifs, ce qui n'est pas leur cas ! On ne négocie pas le prix du brushing. Et en tant que client, j'accepte ou non les tarifs affichés. Or, ce n'est pas la position dans laquelle sont mis ces travailleurs. Ces derniers sont soumis à un tarif proposé au client final qui a le choix d'accepter ou de refuser le service pour lequel il fait appel à la plateforme. Les tarifs présentés ne sont pas fonction d'une garantie minimum de revenu pour l'ensemble des travailleurs qui vont effectuer ce service, que ce soit de la livraison ou du transport de personnes ou autre.

Je pense que cet organisme qui se met en place dans le cadre de cette ordonnance, doit s'attaquer réellement à ce sujet ... Si je prends Doctolib, c'est une plateforme qui n'intervient pas sur les tarifs des médecins référencés, mais elle uberise le travail des médecins. Un même phénomène est en train de se produire avec les avocats, qui décident également de leurs propres honoraires. Il y a toute une définition des personnes concernées, qui ne soit pas forcément rigide. Je pense qu'il serait important que cet organisme qui se crée ne soit pas uniquement dédié aux travailleurs indépendants des plateformes, comme on les connait aujourd'hui. Elle devrait associer toutes les plateformes comme Doctolib qui explose la manière dont on qualifie aujourd'hui le travail.

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