Monsieur le ministre, votre propos introductif nous permet d'appréhender la globalité des difficultés auxquelles sont confrontés les chrétiens d'Orient.
En Jordanie, l'impression est que rien ne change depuis l'arrivée des réfugiés irakiens, en 2014. Ces derniers ne peuvent travailler qu'au sein d'une église, en attendant de pouvoir émigrer vers le Canada ou l'Australie. Ils ne veulent plus rentrer chez eux en Irak, comme le confirment plusieurs témoignages.
Vous avez mentionné le fonds destiné à aider les minorités géré par nos postes diplomatiques. Le président Retailleau vient de souligner son utilité. Laurence Ledger, notre conseillère des Français de l'étranger pour la Jordanie et l'Irak, suggère que l'on maintienne ce fonds, si possible qu'on l'augmente et qu'elle puisse donner un avis sur les projets d'aide aux minorités présentés à l'ambassade. Que pensez-vous de cette suggestion ?
Au Liban, la distinction faite par la France entre un Hezbollah politique et un Hezbollah armé a eu pour conséquence de nous éloigner des Américains. C'est un des paramètres qui a contribué à diviser les chrétiens du Liban. Cela a également eu pour effet de créer le désarroi, eux qui sont les premiers candidats au départ du Liban. Mécaniquement, cela renforce le Hezbollah et la ligne Téhéran-Damas. Rien n'est pire pour la France que de menacer de sanctions et de ne rien faire.
Le projet du cardinal Raï, qui prône la neutralité du Liban, soutenu par toutes les communautés libanaises souveraines - chrétiens, sunnites, druzes et chiites -, échappe au contrôle du Hezbollah et n'a toujours pas eu d'échos dans la diplomatie française.
L'ambassadrice, Mme Anne Grillo, nous a confié le 22 juin, au Sénat, que le patriarche ira début juillet à Rome. Elle plaide pour qu'il passe par Paris afin qu'il puisse être entendu. Nous sommes le 7 juillet, le patriarche a vu le pape, qui a adopté le projet de neutralité. Nous allons vraisemblablement connaître le retour en force d'un acteur de premier plan de la région dans les jours qui viennent, en soutien à cette démarche, mais le patriarche n'a pas été reçu à Paris. Vous venez de nous dire que vous vous entretenez régulièrement avec lui. Soutenez-vous son projet en faveur de la neutralité du Liban ?