Intervention de Antoine Lefèvre

Réunion du 20 juillet 2021 à 9h30
Questions orales — Offre médicale et zones de revitalisation rurale

Photo de Antoine LefèvreAntoine Lefèvre :

Vous ne méconnaissez pas, madame la secrétaire d’État, les difficultés majeures que rencontrent les territoires ruraux en matière d’accès aux soins.

Alors que les zones rurales connaissent une population vieillissante, qui nécessite une offre permanente de soins, cette dernière ne cesse de s’étioler, un phénomène qui n’incite pas de nouveaux ménages à s’installer, ce qui prive ces territoires d’une redynamisation précieuse.

Une concurrence s’installe alors entre les territoires. Par exemple, dans le sud du département de l’Aisne, certaines intercommunalités sont classées en zone de revitalisation rurale, ou ZRR, et offrent ainsi, pendant plusieurs années, des avantages fiscaux à tout médecin s’y installant. Cela pénalise les communes limitrophes, alors que le besoin en médecins y est également criant.

Des zones de patientèle de 5 000 personnes n’ont déjà plus de couverture médicale ou bien sont en passe de ne plus en avoir. Il n’est pas rare de voir des cabinets médicaux se vider, soit par un départ en retraite non remplacé faute de candidats, soit par le déménagement d’un médecin vers une ZRR, malgré la mise à disposition d’un logement gratuit, par exemple.

En janvier 2020, dans leur rapport d’information sur les déserts médicaux, nos collègues Hervé Maurey et Jean-François Longeot signalaient que les dispositifs actuels visant à inciter les médecins à s’installer dans les zones sous-denses étaient nombreux, mais dispersés entre une pluralité d’acteurs et parfois peu lisibles.

En outre, ces dispositifs n’ont, à ce jour, jamais fait l’objet d’un recensement ni d’une évaluation générale, comme l’avait relevé, en 2017, la Cour des comptes.

Dans le département dont je suis élu, jusqu’à 50 % des médecins généralistes ont plus de 60 ans, et la couverture oscille entre 94 et 129 médecins généralistes pour 10 000 habitants, soit le taux le plus bas de l’Hexagone. Ajoutez à cela un taux d’accueil très moyen pour les personnes âgées ou les personnes en situation de handicap, et vous obtenez une photographie alarmante de l’état de notre couverture médicale.

Madame la secrétaire d’État, ne serait-il pas judicieux, soit de songer à réviser les critères des ZRR, malgré l’annonce de leur disparition au 31 décembre 2022, soit de refondre en intégralité les conditions des aides entre État, collectivités et assurance maladie ?

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