Je souhaite faire plusieurs constats.
Tout d’abord, tout grand pays souhaitant assurer sa place sur notre planète a besoin de ressortissants expatriés pour démultiplier son rayonnement, qu’il soit économique, social, culturel et même politique. Cet aspect est absolument essentiel.
Ainsi, les efforts que fait la France en faveur de ses expatriés ne sont pas gratuits. Ils renforcent la France elle-même, laquelle a besoin de s’appuyer sur les Français vivant au-delà des frontières.
Vous le savez tous, mes chers collègues, la France, depuis sa création, tout au long de son histoire, a été une terre d’immigration, et jamais d’émigration. Autrement dit, si notre pays ne prenait pas de mesures pour permettre l’expatriation de certains de ses ressortissants, ceux-ci resteraient sur place.
Par ailleurs – ce sera mon deuxième constat –, le Conseil économique et social s’est aperçu qu’il avait besoin de s’ouvrir sur le monde. C’est la raison pour laquelle, en 1984, le gouvernement de l’époque a décidé d’introduire dans sa composition deux Français établis hors de France. En effet, qui connaît mieux le monde que les Français qui y vivent, les Français établis hors de France ? Ces derniers ont donc apporté la lumière de l’extérieur au sein du Conseil économique et social.
J’en viens à mon troisième constat. Supprimer cette représentation au sein du Conseil économique, social et environnemental, revient à fermer notre fenêtre sur le monde. Une telle décision possède une haute valeur symbolique.
Certes, je le sais bien, les équilibres sont difficiles, chacun voulant défendre son pré carré. Toutefois, pour ce qui concerne la représentation des Français établis hors de France, la décision relève du symbole. La France veut-elle cesser de regarder son nombril, pour s’intéresser à ce qui se passe ailleurs, surtout dans un lieu qui rassemble les forces vives de la nation ? C’est essentiel ! C’est une question d’efficacité !
Malheureusement, trop souvent, nous avons tendance à penser que ce que l’on voit à Paris, c’est ce qui se passe dans le reste du monde. C’est faux, je peux vous parler d’expérience. On voit les choses d’une manière bien différente quand on vit au-delà des frontières, à tel point que vous pouvez difficilement l’imaginer. Mais essayez de faire un effort pour comprendre que ce que je viens de dire est essentiel. Un tel discernement fait parfois cruellement défaut à notre pays, qui commet des erreurs parce qu’il croit que tout le monde pense comme lui !
Il serait donc contraire à l’intérêt de la France de fermer cette fenêtre sur le monde, sur l’ensemble de nos partenaires, surtout en matière économique.
Je partais du principe, monsieur le ministre, que la réforme du Conseil économique, social et environnemental visait à lui donner une plus grande efficacité. Ce ne pourra être le cas que si la dimension internationale est vraiment prise en compte.
Telles sont les raisons pour lesquelles cet amendement a été déposé. Toutefois, préférant me rallier à l’amendement n° 1 rectifié ter de Christophe-André Frassa, qui me paraît mieux répondre à la notion d’ouverture sur le monde que je viens de développer, je vais retirer le nôtre.
Pour conclure, je voudrais tout de même rappeler ce que disait hier mon président de groupe, au cours d’une réunion très importante qui se situait en d’autres lieux : « Il nous faut comprendre le monde et en tirer les leçons pour que la France y trouve son intérêt. »
Mes chers collègues, c’est précisément ce à quoi je vous invite.