Intervention de Dominique Schnapper

Commission des affaires européennes — Réunion du 8 juillet 2021 à 8h30
Institutions européennes — Audition de M. Thierry Chopin président de M. Michel Foucher M. Jean-François Jamet et Mme Dominique Schnapper membres du comité de réflexion et de propositions pour la présidence française du conseil de l'union européenne

Dominique Schnapper, membre du Comité de réflexion et de propositions pour la présidence française du Conseil de l'Union européenne :

Thierry Chopin m'a proposé de travailler sur le troisième terme proposé à notre réflexion, à savoir l'appartenance. Ce dernier comprend un certain nombre de dimensions mais nous avons fait le choix de nous concentrer sur des dimensions particulièrement utiles aux décideurs politiques.

Nous sommes partis du constat que la construction européenne avait abouti à des contacts objectivement de plus en plus étroits entre les différents pays européens sans pour autant que le sentiment d'appartenance ait grandi de la même façon. Plusieurs causes expliquent ce phénomène, à commencer par l'élargissement de l'Union européenne aux pays héritiers de l'ancien empire soviétique. Ces derniers ont des traditions démocratiques sensiblement différentes de celles des pays de l'ouest de l'Europe. Le renouvellement des générations a en outre provoqué une évolution des sociétés qui a permis l'émergence d'une certaine remise en cause interne des principes et des pratiques démocratiques. L'idée issue de la seconde guerre mondiale, selon laquelle les pays européens doivent s'unir pour éviter la guerre et faire face au totalitarisme, est désormais moins prégnante au sein des sociétés.

Afin de ranimer le sentiment d'appartenance, nous avons réfléchi à la formulation de trois suggestions. La première concerne l'éducation car il apparaît indispensable d'assurer la transmission des valeurs, de l'histoire et des institutions européennes. Or, à tous les niveaux d'enseignement, du primaire au supérieur, il existe une grande ignorance dans ces domaines. Le sentiment d'appartenance à l'Union européenne doit naître en parallèle de l'éveil à la société politique. Pour ce faire, les écoles bilingues pourraient notamment se multiplier. Le programme Erasmus pourrait également être étendu plus largement aux alternants et aux professionnels et non plus essentiellement aux étudiants. La seconde suggestion concerne les médias puisqu'il a été constaté que ces derniers ne relayaient que très peu d'informations à l'échelle européenne. Ils pourraient donc s'appuyer sur des sources communes européennes et des échanges d'informations entre les médias des différents pays membres. Enfin, la troisième suggestion porte sur l'organisation de « grands tours », sur les modèles qui existaient aux XVIIIe et XIXe siècles, afin d'ouvrir les formations et les professionnalisations entre les différents États membres. L'objectif serait notamment de multiplier les rencontres entre les individus. Ces suggestions reposent plus sur la place donnée aux individus que sur les rôles détenus par les institutions qui sont souvent peu connues par la population européenne.

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