Intervention de Jean-François Jamet

Commission des affaires européennes — Réunion du 8 juillet 2021 à 8h30
Institutions européennes — Audition de M. Thierry Chopin président de M. Michel Foucher M. Jean-François Jamet et Mme Dominique Schnapper membres du comité de réflexion et de propositions pour la présidence française du conseil de l'union européenne

Jean-François Jamet, membre du Comité de réflexion et de propositions pour la présidence française du Conseil de l'Union européenne :

Concernant le volet de la relance, notre groupe de travail a identifié trois messages clés qui doivent être véhiculés. Le premier consiste à insister sur le caractère pour l'heure très fragile de la reprise économique. Le second porte sur la nécessité d'accompagner les transformations de l'économie puisque la pandémie de covid-19 a démontré l'existence d'un besoin de réallouer les ressources. L'enjeu est ici de s'orienter vers un capitalisme responsable et une transformation numérique efficace. Enfin, le troisième message a vocation à faire émerger l'idée de biens communs européens.

Fort heureusement, des points positifs sont à relever dans la gestion économique de la crise sanitaire par l'Union européenne puisque cette dernière a réagi de manière plus rapide que lors de la crise financière de 2008. À cet égard, l'émission d'une dette commune constitue un véritable changement de paradigme. Toutefois, l'Union européenne a également été plus fortement affectée que d'autres économies et connaît une reprise plus tardive que la Chine ou les États-Unis par exemple. Il convient par conséquent d'éviter le retrait prématuré des mesures de soutien. Je rappelle à ce titre qu'un point de croissance (1 %) non retrouvé équivaut globalement à la perte d'un million d'emplois dans la zone euro. Un dernier risque à combattre en Europe et particulièrement en France est lié à l'existence d'un fort pessimisme à l'égard de la situation économique et des capacités européennes à relancer la croissance. Une majorité d'Européens pense que l'Union européenne ne sortira pas de la crise avant 2023. Nous avons de fait identifié un véritable risque d'autoréalisation de cette croyance. En France par exemple, l'adhésion des citoyens au plan de relance est particulièrement faible.

Pour répondre à ces problématiques, notre groupe de travail suggère à la présidence française de soutenir une réponse budgétaire ambitieuse, de viser un retour rapide à 1, 3 % de croissance supplémentaire et d'accompagner la reprise du marché du travail en se concentrant notamment sur l'insertion des jeunes.

Pour finir, les aspects économiques et financiers liés au développement du numérique et de la transition verte sont aussi particulièrement importants et l'Union européenne peut à ce titre jouer un rôle prégnant à l'échelle mondiale dans l'avènement du capitalisme responsable. Il faut pour ce faire valoriser les entreprises à partir de critères autres que des critères uniquement financiers. De manière plus générale, il est nécessaire de comprendre la relance européenne dans le contexte de la relance mondiale et des intérêts géopolitiques inhérents à cette dernière. À cet égard, la Chine est devenue de loin le principal créancier bilatéral dans le monde, ce qui correspond à une stratégie géopolitique.

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