Intervention de Olivier Véran

Réunion du 11 janvier 2022 à 14h30
Gestion de la crise sanitaire — Article 1er

Olivier Véran :

Monsieur le sénateur Hervé, le raisonnement est purement mathématique, il suffit d’appliquer une règle de trois. La majorité des patients en réanimation sont non vaccinés, alors que seuls 8 % des Français ne sont pas vaccinés. Appliquez la règle de trois, le calcul des risques est évident !

Les statistiques de l’ensemble des instituts de France montrent toutes qu’une personne ayant un schéma vaccinal à jour a vingt fois moins de risques d’être admise en réanimation que celle qui n’est pas vaccinée. On pourrait nier l’évidence si ce rapport était de 1 à 1, 2 ou à 1, 3, mais non quand les personnes vaccinées ont vingt fois moins de risques d’être admises en réanimation !

Monsieur le sénateur Hervé, il s’agit de statistiques basiques, avérées, et qui plus est mondiales, partagées par tous les comités scientifiques du monde. Personne ne peut remettre en question ces chiffres. Il ne s’agit pas ici d’une opinion : il ne faut pas confondre opinion et science.

La deuxième catégorie de patients admis en réanimation, bien qu’ils soient vaccinés, ce sont les personnes immunodéprimées.

Si vous vous rendez dans les services de réanimation des hôpitaux de vos départements respectifs, des médecins vous diront que tel patient est vacciné, mais greffé du rein et sous immunosuppresseur – un immunosuppresseur, comme son nom l’indique, « supprime » l’action du système immunitaire. Le vaccin ne fonctionne pas correctement sur ces personnes, qui, bien que vaccinées, développent des formes graves.

Il faut enfin citer – ce ne sont pas les cas les plus fréquents, mais comme il y en a, j’en parle systématiquement – les femmes enceintes. On constate en effet que certaines de ces femmes sont hospitalisées dans les services de réanimation, car elles n’étaient pas vaccinées, soit parce qu’elles ont eu peur, soit, hélas, parce qu’à un moment donné quelqu’un – il arrive même parfois que ce soit des blouses blanches ! – leur a dit qu’elles feraient mieux d’attendre la fin de leur grossesse avant de se faire vacciner. Voilà comment sont les Français…

Mesdames, messieurs, les sénateurs, je le redis : un Français de 50 ans vacciné, non immunodéprimé, admis en réanimation, c’est comme les accidents de chasse : cela arrive, mais c’est très rare…

Bref, le passe sanitaire a servi à réduire le nombre de cas graves. Il a aussi contribué à réduire les contaminations dans les bars et les restaurants, ainsi que les études du professeur Fontanet l’ont très bien montré. Il a permis de ne pas fermer ces établissements à certains moments fatidiques.

Vous m’interrogez également sur l’utilité du passe vaccinal. Vous en avez déjà un premier exemple : depuis que nous avons annoncé qu’il serait bientôt inscrit dans la loi, nous avons enregistré une augmentation du nombre de primo-vaccinations.

Ce nombre est certes moins spectaculaire que les 12 millions de primo-vaccinations cet été, mais parce que nous nous adressons cette fois-ci à une population d’environ 4 millions de personnes. Quoi qu’il en soit, vous comprenez bien que, si 20 000 à 30 000 personnes supplémentaires se font vacciner en moyenne chaque jour, c’est que nous accomplissons, jour après jour, une partie du chemin qui nous mènera au 100 % vaccination. Par conséquent, le passe vaccinal fonctionne déjà, et il fonctionnera encore davantage lorsqu’il sera opérationnel.

On a parfaitement le droit de remettre en question les mesures prises par le Gouvernement. C’est même tout à fait normal. Autant j’ai des certitudes sur le nombre de Français non vaccinés admis en réanimation, autant je reste extrêmement humble sur l’utilité ou les effets de telle ou telle mesure de gestion ou de freinage de l’épidémie.

Cela étant, j’observe, puisque c’est désormais le douzième texte que je défends devant vous, que ce n’est pas la première fois que j’entends dire que notre politique sera inefficace. On le dit aujourd’hui du passe vaccinal, mais on l’a dit aussi du couvre-feu, des jauges, de la limitation des rassemblements, du passe sanitaire ou de la fermeture des bars et des restaurants… Chaque fois, il s’est trouvé des personnes pour m’expliquer que ce que nous proposions ne fonctionnerait pas ou ne serait pas efficace.

Force est de constater, mesdames, messieurs les sénateurs, qu’aujourd’hui la France est l’un des seuls pays européens à maintenir totalement ouverts les établissements accueillant du public, les bars et les restaurants. Vous pouvez vivre beaucoup plus librement dans notre pays que dans la majorité des États européens, parce que le choix que nous avons fait, que le Président de la République a fait, est celui de la vaccination.

Ce n’est pas une décision isolée : nous avons aussi fait le choix du télétravail, qui est une mesure pratique, celui aussi de limiter les grands rassemblements pour éviter les super clusters et les contaminations de masse.

Aujourd’hui, à l’heure où je vous parle, et malgré une vague de contaminations sans précédent dans notre histoire, bien que des centaines de milliers de personnes soient testées positives chaque jour, notre pays reste ouvert et vivant. De plus, j’ose le dire, il garantit davantage de libertés qu’un certain nombre de pays qui ont fait des choix différents, et dans lesquels, dans trois heures, les restaurants et les bars devront fermer.

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