Monsieur le ministre, le 13 janvier dernier, le Gouvernement demandait à EDF d’augmenter de 20 % le volume de l’électricité issue de la filière nucléaire vendue à prix réduit à ses concurrents dans le cadre de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), et ce afin de contenir à 4 % la hausse des tarifs.
Cette décision, dont le coût est évalué à ce jour à 8 milliards d’euros, dessine de sombres perspectives pour un fleuron national déjà lourdement fragilisé.
Pour mémoire, EDF enregistre une dette de 44 milliards d’euros ; sa cotation boursière a récemment chuté ; les perspectives pour ce qui concerne la production d’électricité d’origine nucléaire pour 2022 ont été révisées à la baisse en raison de l’arrêt de certains réacteurs dans le cadre notamment de leur maintenance ; EDF est également victime du retard pris et du surcoût lié au projet d’EPR – European Pressurized Reactor – de Flamanville ; l’entreprise devra en outre consentir des investissements colossaux dans les années à venir pour entretenir le parc nucléaire existant, mais aussi en prévision de son renouvellement ; enfin, je rappellerai le retrait du projet Hercule.
Même si les annonces gouvernementales pour sauvegarder le pouvoir d’achat des Français sont louables, elles suscitent nombre d’interrogations et d’inquiétudes, notamment dans cet hémicycle. Elles vont aussi largement profiter aux concurrents d’EDF, sans certitude que cela se répercute sur leurs clients.
Monsieur le ministre, EDF doit faire face à beaucoup trop d’injonctions contradictoires : fermeture de Fessenheim, renouvellement du parc nucléaire, grand carénage et, aujourd’hui, mise à contribution pour contrer la hausse du coût de l’énergie. Cette équation insoluble met en danger l’entreprise et compromet gravement son avenir.
À l’heure où tout le monde parle de souveraineté énergétique et où la France prend la présidence du Conseil de l’Union européenne, quelles perspectives entendez-vous tracer pour EDF, qui concourt depuis 1946 à la stratégie énergétique de la France ? Comptez-vous donner à EDF les moyens de ses ambitions ?