Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, s’il est un phénomène aujourd’hui bien présent dans notre société, c’est le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Ce trouble pourtant encore méconnu est bien souvent douloureux pour les familles. Véritable enjeu de santé publique, il concerne jusqu’à 5 % des enfants français et sans doute 2, 5 % de la population adulte, soit 2 millions de nos compatriotes.
Ce trouble neurobiologique ne disparaît pas avec l’âge : un enfant atteint deviendra au contraire un adulte qui présentera des symptômes plus ou moins marqués, avec des conséquences différentes selon la sévérité des symptômes et la précocité de la prise en charge.
À cet égard, les adultes atteints sont davantage susceptibles d’avoir un accident, de faire l’objet d’une suspension du permis de conduire ou d’arrestations que le reste de la population. Le risque d’addiction serait par ailleurs deux à trois fois plus élevé pour ces personnes. Enfin, les médecins leur diagnostiquent plus fréquemment des troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires, ou encore des troubles du sommeil ou de la personnalité.
Des dispositifs existent, à l’instar de la prise en charge par l’assurance maladie d’un parcours de bilan et d’intervention précoce afin d’accompagner les enfants. De même, des plateformes de coordination et d’orientation ont été mises en place dans le cadre de ce parcours. Elles doivent être déployées en direction des enfants jusqu’à l’âge de 12 ans.
Les professionnels médicaux de premier recours sont impliqués dans le parcours de soins des personnes atteintes. Ils peuvent repérer les symptômes et leurs différentes expressions, orienter ces personnes ou encore participer à leur suivi.
Malgré des progrès indéniables, il importe d’améliorer le dépistage et de mieux accompagner les familles, qui, en pratique, sont souvent condamnées à l’errance, faute de diagnostic.
En la matière, la France accuse d’ailleurs un certain retard. Les médecins spécialistes de ces troubles sont peu nombreux et mal répartis sur le territoire, si bien que les délais d’attente peuvent atteindre dix-huit mois pour un premier rendez-vous et deux ans pour un diagnostic.
Or de nombreux obstacles causés par ce trouble pourraient être franchis, voire évités, grâce à un diagnostic précoce. L’enfant apprendrait alors, au plus tôt, à vivre avec lui et les conséquences sur sa vie d’adulte seraient moindres.
L’absence de prise en charge peut également provoquer une manifestation plus grave du trouble, en raison notamment de comorbidités comme la dépendance ou les comportements à risques.
Le TDAH constituant un facteur de risque pour le développement d’addictions et d’autres comorbidités psychiatriques, il est particulièrement important d’établir un diagnostic précoce, car ce dernier peut littéralement changer le cours d’une vie.
Ainsi, parmi les 5 % d’enfants atteints, seule une minorité aura la chance de bénéficier d’un diagnostic précoce, d’une prise en charge optimale et donc d’une vie d’adulte « normale ».
Pour les autres, le retentissement sera variable. Certains seront longtemps traités sans succès pour troubles bipolaires, d’autres pour dépression ou pour des addictions, avec ou sans substances. Certains se retrouveront même en prison, du fait de leur impulsivité.
Une étude britannique a démontré, au demeurant, que lorsque ces adultes étaient traités, ils ne récidivaient pas et que leur réinsertion était bien plus facile que celle des personnes qui ont été placées sous placebo.
Dans cette optique, la proposition de loi de notre collègue Jocelyne Guidez prévoit, dans son article 3, la création de deux consultations obligatoires, remboursées par la sécurité sociale, de dépistage des troubles du neuro-développement.
Le mécanisme imaginé s’inspire de celui qui est prévu pour les examens de prévention bucco-dentaire. On ne peut que souscrire à l’objectif de ce mécanisme, qui constituerait de toute évidence le cœur de la stratégie de dépistage et de prévention du TDAH.
Madame la secrétaire d’État, pourriez-vous nous indiquer les mesures envisagées par le Gouvernement afin d’améliorer le diagnostic précoce du TDAH et, ainsi, d’assurer une prise en charge optimale, susceptible d’offrir aux personnes atteintes de ce trouble une trajectoire de vie normale ?