Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 18 janvier 2011 à 9h30
Questions orales — Extension de la présence du loup sur le territoire drômois

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Monsieur le secrétaire d’État, ma question, qui s’adressait à l’origine à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire, porte sur la recrudescence des attaques de troupeaux par le loup et sur l’extension de la zone de présence permanente de cet animal dans la Drôme.

Très régulièrement, des troupeaux de chèvres et de brebis sont attaqués dans tout l’Est drômois, que vous connaissez bien, monsieur le secrétaire d'État. Les attaques ont également lieu du Vercors aux Baronnies, en passant par Dieulefit et le Haut-Diois.

En 2010, on a dénombré pas moins de 56 attaques et 269 victimes. Les trois communes de Boulc, Glandage et Lus- la-Croix-Haute concentrent, à elles seules, 52 % des victimes. Des bêtes sont retrouvées éventrées dans des secteurs où ce prédateur n’était plus présent.

Les éleveurs sont à la fois désespérés et en colère. Les fruits de leur travail, de leur passion, les heures consacrées à leurs bêtes sont détruits. Ils n’en peuvent plus ! Trop, c’est trop !

Il faut reconnaître objectivement et de façon apaisée qu’il y a aujourd’hui incompatibilité entre la présence du loup et le pastoralisme. Il faut mettre en place une véritable gestion de ces populations, une véritable régulation. Je rappelle qu’en 2010 aucun loup n’a été prélevé en France.

Ce choix ne menacera d’aucune façon la présence du loup en France, dont la population progresse d’environ 10 % par an pour dépasser 150 bêtes. Aujourd’hui, les objectifs fixés par la convention de Berne concernant le seuil de population du loup à préserver seraient atteints. Les attaques atteignent une fréquence et une intensité jamais rencontrées. La nature des dommages exceptionnels causés sur les troupeaux affecte directement la situation économique et sociale de l’ensemble des éleveurs de la région.

Les dépenses inscrites dans le dernier budget pour la protection des espèces et l’indemnisation des éleveurs s’élèvent à 5, 2 millions d’euros, comme cela figure dans le rapport de notre excellent collègue député de la Drôme, Hervé Mariton.

Ces sommes seraient, à mon avis, plus utiles pour aider l’installation des jeunes agriculteurs que pour indemniser les dégâts causés par le loup.

Lors des débats sur la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche, le Sénat a souhaité, sur ma proposition, modifier le code rural pour y inscrire la protection du pastoralisme et des troupeaux contre les attaques du prédateur.

Solidaires de ces éleveurs, les 369 maires drômois ont, lors de leur dernier congrès départemental, unanimement voté une motion sollicitant le Gouvernement et les parlementaires pour que des mesures législatives et réglementaires soient prises.

Il faut donner les moyens de prélever à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, l’ONCFS, avant que les oppositions ne soient trop fortes, avant que le risque d’actions individuelles d’éleveurs à cran ne soit trop grand.

Monsieur le secrétaire d'État, ne considérez-vous pas qu’il est temps, voire urgent, de prendre des décisions concrètes ? Envisagez-vous notamment de définir des zones dédiées et des réglementations spécifiques, comme cela existe déjà dans d’autres pays européens?

Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’avenir de l’élevage dans nos massifs.

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