Ces interventions corroborent ce que je constate sur le terrain. Il me semble que la société d'aujourd'hui banalise la pornographie. Je suis élu dans le département de l'Hérault, très touristique. L'été, nous voyons lors de certaines manifestations sportives ou culturelles des distributions de produits publicitaires à l'effigie de certaines marques de produits de consommation courante. Depuis quelques années, je vois des distributions de tee-shirts ou de casquettes à l'effigie de certains sites pornographiques que vous avez cités, sur les plages ou dans les centres de vacances. Certains slogans, certaines marques, vont aujourd'hui au contact des plus jeunes ou des familles. C'est ainsi que la pornographie se banalise et que ces sites deviennent des expressions du langage courant. Il y a vingt ans, lorsqu'on allait acheter un magazine pornographique chez le buraliste, on faisait en sorte de sortir de son village ou de son quartier. Je ne dis pas que nous devons tomber dans une démarche moralisatrice comme elle existait dans les années 1960 ou 1970, mais simplement que la pornographie est banalisée auprès des plus jeunes.
Vous avez évoqué la possibilité que l'Éducation nationale se charge de ce travail. Notre société passe son temps à lui demander de s'occuper de différents sujets. Elle ne peut pas tout faire. Je m'interroge sur le rôle des parents et de la société en général.
Vous dites qu'on ne peut pas s'attaquer de front à l'industrie du porno, tant le combat est inégal. Il me semble toutefois que des angles d'attaque peuvent être priorisés, à savoir ceux qui concernent par exemple l'apologie du viol. Certains titres de films contiennent le mot « viol ». Je rappelle que celui-ci est un crime. Tous ces films mettant en scène des simulacres de viol ou de vrais viols pourraient par exemple être la cible prioritaire de poursuites. Je pense également aux pratiques attentatoires à la dignité humaine.
Enfin, je viens de Montpellier. Des avocats y ont accompagné des femmes afin d'obtenir le retrait de films pornographiques dans lesquels elles avaient tourné, et d'obtenir le droit à l'oubli. À partir de votre expérience associative, savez-vous si ces démarches aboutissent, et dans quels délais ? Quels sont les freins pour obtenir ce retrait ? Une femme peut rompre avec la pratique de tournage de vidéos mais il est ensuite compliqué de se réinsérer socialement. Ces contenus restent longtemps sur les sites, compliquant la vie de ces femmes. Je connais deux avocats s'étant engagés dans cette démarche. Certaines ont abouti, d'autres nécessitent un peu plus de temps.
J'ai besoin de votre éclairage sur ce que nous pourrions faire pour aider ces femmes et leurs avocats.