Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, enfin, nous y sommes, et c’était attendu ! Attendu par la direction de la CNR, mais aussi attendu par les salariés qui, depuis sept ans, étaient dans l’expectative.
C’est donc une issue positive qui nous réunit aujourd’hui, et qui permettra à la Compagnie nationale du Rhône de continuer d’œuvrer pour les territoires, de concert avec les acteurs locaux. La CNR implique 183 collectivités territoriales partenaires, et 50, 3 % de son capital est issu du secteur public. Elle ne procure pas moins de 14 500 emplois directs et indirects en vallée du Rhône, notamment grâce à une politique d’achats concentrés à 85 % sur des entreprises locales. La CNR a bien un statut d’entreprise structurante du territoire, et il faut se féliciter que cela continue pour de nombreuses années.
Elle est le premier producteur d’énergie exclusivement renouvelable en France, ce qui l’inscrit parfaitement dans la politique de lutte contre le changement climatique. Avec ses 19 barrages et ses 49 centrales hydroélectriques, elle produit 25 % de l’hydroélectricité française.
Je rappelle toutefois que ma collègue Cécile Cukierman, lors de la première lecture, a déclaré que le développement de l’hydrogène entraînerait des besoins en eau supplémentaires, tout comme le maintien, voire le développement, du parc nucléaire. Nous devons donc veiller à la sécurisation de l’approvisionnement en eau.
Respectueuse de l’environnement, faisant travailler localement nos concitoyens, il ne manquerait plus que la CNR soit rentable pour l’ériger en modèle qui fonctionne… Eh bien, c’est le cas, puisque la CNR est aussi extrêmement rentable, avec un chiffre d’affaires de 1, 5 milliard d’euros et un résultat net compris entre 90 et 100 millions d’euros !
J’en profite pour rappeler au Gouvernement qu’EDF dégage un résultat net de 650 millions d’euros et qu’Aéroports de Paris, avant la crise de la covid-19, avait un résultat net de 588 millions d’euros. Nos entreprises à capitaux majoritairement publics sont donc très souvent excédentaires. Ne les laissons pas à la main des grands groupes privés ! Nous l’avons fait pour les autoroutes, et nous nous en mordons les doigts…
Madame la secrétaire d’État, notre pays est aujourd’hui à la croisée des chemins. Les décisions qui seront prises dans le dossier EDF peuvent être lourdes de conséquences pour notre souveraineté énergétique, pour la lutte contre le réchauffement climatique, mais également pour l’emploi lié à l’industrie électrique dans notre pays. Le Gouvernement doit apporter une réponse cohérente et montrer qu’une autre voie que celle de la rentabilité peut exister. Nous devons être guidés par une démarche qui réponde aux besoins des Françaises et des Français, de nos entreprises, et qui mène à la décarbonation de la consommation d’énergie.
Je fais le vœu que l’adoption de cette proposition de loi, dans l’unanimité – et je salue le travail de notre rapporteur –, soit le point de départ d’une nouvelle façon de concevoir le service public de l’énergie, en le voyant comme un bien commun. Or un bien commun ne peut en aucun cas être libéralisé. Le simple fait que l’énergie soit pensée comme un service public implique qu’elle soit sortie des logiques de concurrence et de marché.
Je souhaite sincèrement que le modèle de la CNR, respectueux de l’environnement et fonctionnant au service de la population des territoires, soit présent à l’esprit de chacune et de chacun si, dans les mois et années à venir, nous devions examiner un énième texte visant à privatiser nos services publics. Madame la secrétaire d’État, nous savons bien que, si votre majorité est reconduite pour un second mandat, nous aurons à débattre du projet Hercule. Dans ce cas, vous nous trouverez face à vous pour le contrecarrer !