Intervention de Thomas Dossus

Réunion du 16 février 2022 à 15h00
Démocratisation du sport — Discussion générale

Photo de Thomas DossusThomas Dossus :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, il y a quelques semaines, nous avons passé deux longues soirées, dans cet hémicycle, à débattre de la démocratisation du sport.

Certes, le climat a été tonique par instants, mais le débat démocratique nécessite parfois des explications franches. Comme dans un match de football anglais, cela fait partie du jeu. Aussi, je ne m’associe pas aux différents rappels au règlement qui viennent d’avoir lieu.

Après l’échec de la commission mixte paritaire et le rétablissement de la plupart des mesures phares par l’Assemblée nationale, le texte que nous examinons en nouvelle lecture est quasiment identique à celui que nous avons examiné en première lecture.

Aussi mon analyse demeure-t-elle, à quelques détails près, inchangée. Ce texte devait être le texte le plus important du quinquennat sur le sport. Il devait démocratiser la pratique sportive, permettre aux Français de renouer avec la pratique après des mois de pandémie et faire entrer le sport français dans le XXIe siècle.

Je l’ai indiqué en première lecture, je le redis aujourd’hui : ce texte est timide. Nous étions plusieurs, dans différents groupes, à faire le constat de cette faiblesse. Pourtant, lors de nos débats, les mêmes ont choisi d’en affaiblir encore la portée.

Nous examinons aujourd’hui un bouquet de mesures dont certaines sont – reconnaissons-le – bienvenues et nécessaires. Saluons ainsi les mesures phares de ce texte : la parité dans les instances des fédérations, le non-cumul des mandats dans le temps des présidents de fédération, l’honorabilité accrue des membres de ces mêmes instances.

Je pense aussi au principe d’un sport plus inclusif, à la lutte renforcée contre l’homophobie et les discriminations de genre, à une politique territoriale mieux intégrée et de proximité, grâce à la constitution des plans sportifs locaux et au référencement des équipements sportifs par académie.

Je me réjouis d’ailleurs que nos amendements adoptés en première lecture, sur la prise en compte des lieux publics dans les recensements des équipements et sur le léger verdissement des plans sportifs locaux, aient été conservés.

D’autres mesures, enfin, concernent l’accès aux équipements sportifs des collèges et lycées pour les clubs, les étudiants et les associations, ou encore la mise en place de référents sport dans les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS).

Cette liste peut sembler longue. Sur le fond, pourtant, qui imagine très sérieusement une seule seconde que ces mesures augmenteront le nombre de licenciés ou de pratiquants ? Qui imagine qu’elles permettront d’aider plus efficacement les clubs et les associations durement frappés par la crise ? Qui imagine qu’elles permettront de faire pénétrer le sport plus avant dans une société qui se sédentarise de plus en plus dangereusement ? Quasiment personne.

J’ai insisté sur ce point en première lecture : parler du sport, c’est aussi parler de la société que nous voulons voir advenir.

Parler du sport, c’est aussi parler de la manière dont on se comporte avec les autres, des valeurs que l’on partage, de sa santé et de la manière dont on se déplace et dont on vit.

Parler du sport, c’est aussi parler de l’environnement dans lequel on le pratique, du partage de l’espace public et des équipements.

Parler du sport, c’est aussi parler de ceux qui le font vivre, de leurs conditions de travail, du bénévolat et de la place de l’éducation dans ce processus.

Enfin et surtout, parler du sport, c’est aussi parler du climat, qui est le grand absent de nos débats. Ce lien n’est pas anecdotique : on ne pratique pas le sport de la même manière, lorsque le climat se réchauffe de 2, 3, voire de 4 degrés Celsius, si l’on garde la trajectoire actuelle de l’inaction gouvernementale.

Ces scénarios signeraient de facto la fin de la pratique de nombreux sports de plein air et sports d’hiver. Il n’est qu’à regarder à quoi ressemblent les grands événements sportifs internationaux qui se déroulent cette année, des jeux Olympiques de Pékin et leurs pistes de ski 100 % artificielles au milieu des montagnes arides jusqu’aux stades climatisés de la future Coupe du monde de football au Qatar.

Oui, il est temps de repenser la pratique du sport et des grands événements dans le monde qui vient. Voilà un enjeu de taille, celui de la résilience de nos activités sportives dont, là non plus, nous ne débattrons pas.

Au bout du compte, nous déplorons beaucoup de manques – beaucoup trop –, malgré quelques avancées bienvenues. Nous, écologistes, aurions pu voter ce texte afin de les conserver. C’est pourquoi nous nous opposerons à la motion tendant à opposer la question préalable déposée par la droite, sur laquelle je reviendrai lors de son examen.

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