Ce sont les ouvriers en travail posté, qui produisent de la valeur pour notre pays, en effectuant des gestes répétitifs, tandis que nous vaquons, cher collègue Sido, à nos occupations.
Ce sont aussi les métiers du bâtiment ou des grands chantiers que seules les grandes intempéries protègent d’une exposition à des conditions de travail trop pénibles.
Ce sont tous ces visages de femmes et d’hommes que nous croisons trop souvent sans les voir, alors même qu’ils nous ont gratifiés d’un service, dans une station-service, une administration surchargée – faute de moyens – ou une grande surface commerciale, généralement avant même les horaires d’ouverture
Et bien d’autres mériteraient d’être cités.
En légiférant sur le report de l’âge de la retraite et les conditions d’obtention du droit à pension, nous devrions toujours avoir à l’esprit la portée de nos décisions pour celles et ceux qui subissent un emploi pénible sans que cela se traduise par un certificat d’invalidité ou de handicap. Pour autant, monsieur le ministre, ces travailleurs seront usés physiquement et je ne peux croire que vous souhaitiez leur infliger deux ans de plus !
Pour contourner la réalité de ce recul social, vous inventez, aux articles 25 et suivants, des dispositions qui masquent l’agression physique supplémentaire que vous proposez au Parlement d’adopter à l’encontre de ces salariés.
Nous allons continuer de débattre du contenu du dossier médical et des fiches d’exposition, mais je tenais à vous dire que nous ne sommes pas dupes et que nous n’oublions pas l’essentiel de ce texte.
Sans doute, ces salariés ne vous interpelleront-ils pas vertement lorsque vous les rencontrerez dans votre commune, monsieur le ministre. Mais quand vous les croiserez sur le marché ou bien à l’occasion d’une inauguration, d’une fête d’école, et que vous leur direz : « Comment allez-vous ? », n’oubliez pas que, grâce à vous, ils en auront « repris » pour au moins deux ans de plus, parce que vous n’aurez pas voulu accepter une réalité qui n’est pas contestable, celle de la pénibilité, de l’usure du corps soumis à des travaux, des horaires et des lieux d’exercice d’une profession ayant des caractères spécifiques !
Refuser cette réalité, c’est leur refuser aussi une reconnaissance que nous leur devons tous. En leur disant : « Comment allez-vous ? », vous leur témoignerez localement un intérêt que, en tant que ministre, vous leur refusez dans un texte de portée nationale.
C’est à toutes ces femmes et ces hommes, qui vivront, monsieur le ministre, moins longtemps et beaucoup moins bien que vous-même, que nous penserons au moment de nous prononcer sur l’ensemble de ce texte et c’est déjà à elles et à eux que nous pensons en abstenant sur l’article 25.